Amanda the Adventurer est un jeu de réflexion et d’horreur psychologique développé par MANGLEDmaw Games et édité par DreadXP. Sorti sur Nintendo Switch le 19 septembre 2023, ce titre propose une expérience unique en mêlant l’esthétique des émissions pour enfants des années 2000 à une atmosphère inquiétante et mystérieuse.
Dans ce titre, le joueur incarne Riley Park, qui hérite de la maison de sa tante Kate. En explorant le grenier, Riley découvre une vieille télévision accompagnée de cassettes VHS sans étiquette.
En les visionnant, il tombe sur une émission pour enfants mettant en scène Amanda, une fillette enjouée, et son compagnon Pelote, un mouton timide. Cependant, derrière cette façade innocente se cachent des secrets troublants, et l’émission semble communiquer directement avec le spectateur, brouillant la frontière entre fiction et réalité.
L’histoire de Amanda the Adventurer commence par un cadre simple et familier : celui des émissions pour enfants des années 2000. Pourtant, derrière cette façade colorée et rassurante se cache une intrigue inquiétante, où chaque détail suscite malaise et curiosité. En incarnant Riley Park, le joueur découvre peu à peu que ces cassettes VHS trouvées dans le grenier ne sont pas de simples enregistrements. Elles deviennent un miroir déformé de réalités troublantes et de mystères liés au passé de Riley et de sa famille.
Au cœur de l’histoire se trouve Amanda, une jeune fille débordante d’énergie et de joie apparente. Toutefois, ses interactions avec Pelote, son compagnon mouton, et surtout avec le joueur, laissent transparaître des comportements de plus en plus inquiétants. Amanda semble consciente de sa condition de personnage dans une cassette, et son comportement devient rapidement imprévisible. Pelote, quant à lui, joue un rôle presque tragique. Victime des caprices d’Amanda, il tente parfois de prévenir le joueur des dangers qui l’attendent, mais il reste lui-même piégé dans ce cauchemar.
Ces personnages sont servis par une écriture concise mais efficace, où chaque ligne de dialogue, aussi anodine soit-elle, peut dissimuler un double sens. L’ambiguïté de leurs intentions et la tension croissante dans leurs interactions ajoutent une couche supplémentaire de complexité narrative. Ce jeu d’écriture subtil pousse le joueur à analyser chaque mot, chaque geste, pour tenter de percer les mystères qui se cachent derrière les cassettes.
L’un des points forts de Amanda the Adventurer est sa narration interactive. À mesure que Riley explore le grenier et visionne les cassettes, des choix s’offrent au joueur. Ces décisions, souvent prises sous pression, influencent directement l’évolution de l’histoire et peuvent entraîner des résultats inattendus, parfois dérangeants. Cette interactivité renforce le sentiment d’implication et transforme le joueur en témoin actif des événements.
L’écriture, à la fois minimaliste et percutante, joue sur la tension entre le familier et l’étrange. Les cassettes commencent par des scènes anodines, presque joyeuses, avant de basculer progressivement dans l’horreur. Les ruptures de ton sont maîtrisées, et les transitions entre le cocasse et l’inquiétant sont d’une efficacité redoutable.
Sous ses airs de jeu d’horreur psychologique, Amanda the Adventurer explore des thèmes plus profonds, tels que la manipulation, la mémoire et les traumatismes intergénérationnels. Chaque cassette agit comme un fragment d’un puzzle plus vaste, où les relations entre Riley, sa tante Kate et les personnages de l’émission se dévoilent progressivement. Ce lien entre le passé familial et les événements surnaturels accentue l’aspect personnel de l’histoire, rendant chaque révélation plus percutante.
Amanda the Adventurer propose un gameplay qui mêle exploration, résolution d’énigmes et interactions narratives, le tout dans une structure volontairement resserrée pour maximiser l’impact émotionnel. L’expérience se déroule principalement dans deux espaces distincts : le grenier où Riley visionne les cassettes, et l’univers étrange et inquiétant à l’intérieur des vidéos. Cette dualité sert de fil conducteur au gameplay, chaque élément contribuant à renforcer le malaise.
Dans le grenier, Riley explore un espace rempli de souvenirs et d’objets cryptiques liés au passé familial. Chaque découverte, qu’il s’agisse de lettres, de journaux ou d’artefacts, éclaire un peu plus les mystères qui entourent les cassettes et l’histoire de sa tante Kate. Cette exploration est cruciale pour avancer dans le jeu, car elle permet de débloquer des indices nécessaires pour résoudre des énigmes et découvrir de nouvelles vidéos.
Une fois plongé dans une cassette, le gameplay change subtilement. Les scènes interactives à l’intérieur des vidéos prennent la forme de puzzles et de choix narratifs. Ces séquences, inspirées des émissions pour enfants, dissimulent souvent des pièges subtils ou des indices codés. Par exemple, Amanda pose des questions apparemment anodines, mais une réponse erronée ou tardive peut provoquer une réaction imprévisible. Cette mécanique transforme chaque interaction en un exercice de tension, où le joueur oscille entre l’envie de répondre correctement et la peur de ce qui pourrait suivre.
Le level design d’Amanda the Adventurer se distingue par sa simplicité trompeuse. Le grenier, bien que restreint, regorge de détails qui racontent une histoire. Chaque objet semble avoir une signification, et les développeurs jouent sur l’instinct d’exploration du joueur pour le pousser à fouiller chaque recoin.
Les environnements à l’intérieur des cassettes sont conçus pour refléter l’innocence dévoyée des émissions pour enfants. Les couleurs vives et les décors cartoonesques cachent des éléments sinistres, qui deviennent de plus en plus visibles à mesure que l’histoire progresse. Cette progression subtile, où le familier devient progressivement étranger, amplifie l’angoisse et donne l’impression que le joueur lui-même est piégé dans une spirale hors de contrôle.
L’une des forces du jeu réside dans son utilisation ingénieuse des choix et des conséquences. Chaque décision prise dans une cassette peut affecter les événements futurs, parfois de manière inattendue. Cette mécanique pousse le joueur à analyser minutieusement ses actions, sachant que même une décision apparemment insignifiante peut avoir des répercussions graves.
Le rythme du jeu est également maîtrisé avec précision. Les moments de calme dans le grenier servent de pauses bienvenues entre les séquences plus intenses, mais ce calme est toujours teinté d’un sentiment d’appréhension. Cette alternance entre tension et relâchement est essentielle pour maintenir l’engagement du joueur tout en le tenant constamment sur le qui-vive.
Amanda the Adventurer s’appuie sur une direction artistique qui détourne avec brio l’esthétique colorée des émissions pour enfants pour créer un univers dérangeant et oppressant. Ce contraste saisissant entre innocence et terreur est le cœur de l’identité visuelle et sonore du jeu, et contribue à plonger le joueur dans une expérience immersive unique.
Les cassettes VHS, au centre du jeu, adoptent une esthétique volontairement rétro, avec des textures granuleuses et des effets de distorsion propres aux vieux enregistrements. Ces éléments visuels, loin d’être un simple artifice, participent à l’ambiance anxiogène en brouillant parfois les contours de la réalité. Les couleurs vives et les décors cartoonesques rappellent les émissions des années 2000, mais des détails subtilement malsains – comme des objets déplacés ou des ombres inquiétantes – trahissent une menace sous-jacente.
Le grenier, quant à lui, est un espace plus réaliste, mais tout aussi chargé émotionnellement. Les objets poussiéreux et les lettres éparpillées racontent une histoire en filigrane, tout en amplifiant le sentiment de solitude. Cette juxtaposition entre l’innocence des cassettes et le poids du réel ancre encore davantage le joueur dans cette dualité entre enfance et traumatisme.
L’audio joue un rôle central dans l’expérience de Amanda the Adventurer. Les musiques, volontairement simples et répétitives dans les cassettes, rappellent les jingles joyeux des émissions pour enfants, mais elles sont souvent déformées, introduisant des dissonances qui mettent mal à l’aise. Ces mélodies familières, mais subtilement modifiées, renforcent l’idée que quelque chose ne va pas.
Les effets sonores ajoutent une dimension supplémentaire à la tension. Les rires d’enfants enregistrés, les grincements de plancher ou les bruits soudains dans le grenier accentuent l’immersion. Dans les cassettes, le son joue également un rôle narratif important : des phrases murmurées en arrière-plan ou des distorsions vocales d’Amanda révèlent des indices sur les secrets du jeu. Chaque élément sonore est conçu pour maintenir le joueur dans un état constant d’alerte.
Si le jeu ne cherche pas à impressionner par des graphismes ultra-détaillés, son style artistique minimaliste et symbolique fonctionne à merveille. Les choix visuels et sonores créent une cohérence parfaite, où chaque élément contribue à l’atmosphère globale. Le jeu exploite brillamment ses limites techniques pour offrir une expérience qui reste dans l’esprit bien après avoir éteint la console.
Amanda the Adventurer ne se contente pas d’être un simple jeu d’horreur. Il s’agit d’une expérience psychologique qui joue avec les attentes des joueurs en détournant les codes de l’innocence enfantine pour en faire un vecteur de malaise et de tension. Ce choix audacieux démontre que l’horreur ne réside pas seulement dans les monstres ou le gore, mais dans notre capacité à nous identifier à des situations troublantes et ambiguës.
L’idée de plonger dans une série de cassettes VHS, avec leur esthétique rétro et leurs histoires qui brisent peu à peu la quatrième muraille, agit comme une métaphore du processus d’introspection. Le joueur est confronté à des thèmes universels, tels que les traumatismes, la culpabilité et l’innocence perdue, tout en étant poussé à s’interroger sur ses propres choix. C’est une œuvre qui ne propose pas simplement de survivre, mais de réfléchir, faisant écho à des expériences narratives comme P.T. ou Doki Doki Literature Club, tout en se démarquant par son univers singulier.
Amanda the Adventurer rappelle également la capacité unique du jeu vidéo à créer des émotions immersives que d’autres médias ne peuvent atteindre. En brisant les conventions et en exploitant l’interactivité, le jeu fait de ses joueurs des participants actifs dans une narration qui les dépasse, leur laissant un sentiment d’impuissance et d’émerveillement face à l’inconnu.