Sorti en janvier 2025, Atomic Heart: Enchantment Under the Sea est le troisième DLC du FPS dystopique de Mundfish, disponible sur Xbox Series. Après les errances surréalistes de « Trapped in Limbo », cet épisode vous emmène dans une cité sous-marine où la technologie, la propagande et l’horreur fusionnent dans une atmosphère aussi sublime que suffocante.

Mais cette plongée abyssale parvient-elle à renouveler l’expérience et à approfondir l’univers du jeu, ou se perd-elle dans les profondeurs d’une ambition trop grande ?

Une Odyssée Engloutie

Dans Enchantment Under the Sea, vous incarnez à nouveau l’agent P-3, ce soldat brisé, fatigué d’être un pion dans un échiquier qui le dépasse. Après avoir fuit les limbes et retrouver votre corps, vous vous lancez à la poursuite de CHAR-Les. À vos côtés se trouve l’agent Blesna, votre propre femme, libéré de son enveloppe de danseuse mécanique, désormais lié à votre gant. Ensemble, vous plongez dans la cité sous-marine de Chelomey, un laboratoire oublié, une utopie noyée sous des tonnes d’acier et de propagande rouillée.

Votre mission paraît simple : récupérer les connecteurs Bêta, des dispositifs essentiels pour inverser le chaos qui s’est emparé du pays. Mais comme toujours dans Atomic Heart, ce qui commence comme une mission de routine devient un cauchemar dont il est impossible de s’échapper.

Chelomey est un cimetière englouti, une prison où les expériences du passé continuent d’errer dans l’obscurité aquatique. Contrairement aux précédents DLC, cet épisode adopte une approche plus atmosphérique et contemplative, jouant sur l’angoisse du huis clos et l’isolement oppressant des grandes profondeurs.

L’eau étouffe les bruits, absorbe la lumière et crée une sensation de claustrophobie permanente. Là où les précédentes installations soviétiques baignaient dans le rouge des néons et le blanc clinique des laboratoires, Chelomey s’enfonce dans une obscurité teintée de bleu, d’acier et de rouille.

L’élément le plus intrigant reste la relation entre P-3 et Blesna. Jusqu’ici, P-3 a toujours évolué en solitaire, confronté à des IA hostiles, à des machines sans âmes, ou à des figures dont la présence n’était qu’éphémère. Ici, le duo est contraint de collaborer, mais leurs échanges sont chargés d’une tension étrange, d’un passé qu’ils ne dévoilent qu’à demi-mots. Peut-on faire confiance à quelqu’un dans un monde où la trahison est une mécanique bien huilée ? D’autant que Katya semble avoir recouvrer des souvenirs que vous ignorez, n’acceptant de vous en livrer que quelques fragments.

L’histoire s’appuie fortement sur l’exploration environnementale. Les documents disséminés, les enregistrements audio laissés dans les terminaux noyés sous l’eau et les indices cachés dans les infrastructures délabrées vous forcent à reconstituer ce qu’était Chelomey avant sa chute. Pourquoi cette cité sous-marine a-t-elle été abandonnée ? Quels types d’expériences y ont été menés ? Et surtout… est-elle vraiment vide ?

Le rythme de ce DLC est volontairement plus lent, avec une action moins frénétique que dans les DLC précédents, Enchantment Under the Sea compense par une mise en scène plus pesante, où chaque plongée dans l’inconnu est une épreuve en soi. L’aventure renoue ainsi pleinement avec l’ambiance du jeu de base, tout en livrant une narration millimétrée qui étoffe le lore, développe l’intrigue et apporte autant de réponses que de questions.

Les nouveaux PNJs intégré à ce DLC sont malheureusement trop anecdotique, seulement survolés et jamais réellement mis à profit dans le développement des personnages. Seul Katya et P-3 comptent, leur relation, leur évolution. Et si la fin est assez convenue, force est de constater que ce DLC est une pierre angulaire de l’aventure Atomic Heart.

L’Abîme n’oublie rien

Si Atomic Heart a toujours misé sur des combats brutaux et une exploration où chaque couloir dissimule une menace, Enchantment Under the Sea prend une direction légèrement différente, imposant un rythme plus lent, une tension plus diffuse et une approche plus axée sur l’exploration. Là où les précédents DLC misaient sur des séquences d’action frénétiques, ce nouvel épisode utilise son cadre sous-marin pour transformer le level design en un labyrinthe claustrophobe, où chaque pas vous rapproche d’une vérité que vous n’êtes peut-être pas prêt à affronter.

L’environnement sous-marin de Chelomey est un décor aussi splendide qu’hostile, une ruine technologique rongée par le sel, le temps et les échecs humains. Les passages immergés alternent avec des corridors pressurisés, créant une dynamique où l’exploration joue autant sur la verticalité que sur l’obligation de se frayer un chemin à travers des infrastructures en train de s’effondrer. L’une des nouveautés majeures réside dans l’ajout du grappin, un outil qui permet d’accéder à des plateformes inatteignables, d’ouvrir des passages alternatifs et même de manipuler certains éléments du décor pour résoudre des énigmes environnementales. Cette mécanique renforce la sensation de mobilité, tout en ajoutant une touche plus tactique aux affrontements.

Côté combat justement, deux nouvelles armes viennent enrichir l’arsenal du joueur. Le Thunderclap, une arme de poing surpuissante conçue pour briser les armures et neutraliser les ennemis les plus résistants, et le Kuzmich, un fusil de précision à énergie capable d’exploiter les points faibles des boss, forçant une approche plus stratégique dans les combats les plus exigeants. Les ennemis rencontrés sont également à la hauteur du cauchemar sous-marin. Les abominations cybernétiques qui rôdent dans Chelomey ne sont pas seulement des machines détraquées : elles ont évolué dans cet environnement, s’adaptant aux contraintes de la pression abyssale et aux limites de leur propre humanité perdue.

Mais là où le DLC frappe fort, c’est dans ses boss. Chaque confrontation majeure est une montée en tension, un affrontement contre des créatures hybrides qui exploitent le décor à leur avantage. Il est à noter cependant un certain déséquilibres dans ces affrontement. L’un d’entre eux, notamment, utilise des attaques trop punitives qui peuvent transformer le combat en un enchaînement de morts instantanées particulièrement frustrantes.

L’exploration reste l’un des piliers de l’expérience, mais ici, elle s’accompagne d’une nouvelle forme d’oppression. Les sections en apesanteur sous l’eau, les passages où l’on manque d’oxygène et les zones où l’obscurité règne en maître créent une ambiance pesante, où la menace n’est pas seulement ce que vous affrontez, mais aussi ce que vous ne voyez pas.

Le titre souffre malgré tout d’une progression plus linéaire par rapport au monde semi-ouvert du jeu de base, ce choix sert la narration et l’atmosphère, transformant Chelomey en un labyrinthe dont chaque pièce semble raconter une histoire de déchéance et d’abandon. Enchantment Under the Sea ne cherche pas à être un DLC d’action pure, mais une expérience plus immersive et psychologique, où le décor lui-même devient votre plus grand ennemi.

Une descente dans l’horreur silencieuse

Là où Atomic Heart baignait dans l’exubérance soviétique et le délire dystopique, Enchantment Under the Sea s’immerge dans un monde d’acier rongé par l’eau et le temps, où la lumière ne perce plus que sous forme de lueurs mourantes. Chelomey n’est pas un simple complexe sous-marin, c’est une tombe flottante, un vestige technologique où chaque couloir semble attendre l’effondrement, où chaque mur est marqué par les stigmates d’une utopie noyée.

Le bleu abyssal domine, contrastant avec les rougeurs alarmantes des signaux d’urgence, les éclats métalliques des structures effondrées, et le noir profond des zones où la lumière n’a plus jamais sa place. La sensation de pression constante se traduit par des effets de distorsion visuelle, des vitres déformées sous l’écrasement de l’eau, des salles où la gravité semble prête à céder au moindre choc.

Mais c’est dans les détails que le cauchemar prend vie. Les ennemis ne sont plus simplement des machines détraquées, ils se sont adaptés à leur prison aquatique, se déplaçant avec des mouvements saccadés, entre fluidité et rigidité mécanique, comme si leurs corps eux-mêmes hésitaient entre l’humain et le monstre. Le silence est un mensonge, chaque pas fait trembler les murs, chaque bruit résonne dans le vide liquide, se répercutant dans des couloirs qui auraient dû rester vides à jamais.

Là où Atomic Heart s’amusait avec les grands airs de la propagande soviétique, ce DLC joue une toute autre partition. La musique se fait rare, remplacée par l’angoisse sourde d’un complexe englouti qui respire encore, à sa manière. Le métal gémit sous la pression, les machines grésillent dans un dernier râle électrique, l’eau goutte quelque part, toujours trop proche, jamais à portée de vue. Un chuchotement surgit dans votre casque. Il n’y a personne.

Et puis la musique revient. Mais elle n’a plus rien d’humain. Des mélodies qui s’étiolent, des notes distordues, comme des souvenirs oubliés d’un orchestre qui ne joue plus que pour des spectres. Le tout sur un fond distordue, issue d’un ancien dessin animé russe des années 20; jusqu’au climax ou, une nouvelle fois un remix électro prenne le relais. 

J’aime

L

Un cadre oppressant

L

Une mise en scène qui joue avec la lumière et le son

L

Un gameplay enrichi par le grappin et un level design plus vertical

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Une direction artistique magnifique

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Une bande-son toujours aussi impactante

J’aime moins

K

Une action plus diluée

K

Un pic de difficulté sur les boss

K

Un rythme plus lent