Paru en juin 2023 dans le Weekly Shōnen Magazine de Kōdansha, Brave Bell est un manga scénarisé par Meebu et illustré par Okane. Achevé en juin 2024 avec un total de six volumes, il débarque en France grâce à Doki-Doki en février 2025.
Ce premier tome vous plonge dans l’histoire de Sôji Sanada, un lycéen au passé trouble, pris dans un engrenage sanglant mêlant yakuza, vengeance et pouvoirs surnaturels. À travers un récit sombre et nerveux, le manga s’attelle à déconstruire l’héritage familial et à poser une question essentielle : jusqu’où faut-il aller pour briser les chaînes du destin ?
Dans Brave Bell, vous suivez Sôji Sanada, un lycéen en apparence ordinaire, respecté pour son intelligence et ses talents sportifs. Mais derrière cette façade se cache un héritage pesant : il est le fils d’un influent chef yakuza, un nom qui lui vaut autant de crainte que de méfiance.
Tout bascule lorsqu’un soir, il découvre sa famille massacrée dans une mise en scène macabre. Sous le choc, il réalise que cet acte n’est pas un simple règlement de comptes, mais une exécution orchestrée par une force bien plus obscure. Animé par un désir de vérité autant que par la rage, Sôji plonge dans une enquête qui le confronte à une réalité insoupçonnée : son père n’était pas seulement un criminel, mais aussi un pion dans un jeu de pouvoir dépassant l’entendement.
Dans cette quête, Sôji découvre l’existence d’une sœur cachée, Akari, qui détient des capacités surnaturelles liées à une organisation secrète. Cet élément fantastique vient ajouter une couche de mystère et de tension, obligeant le protagoniste à jongler entre affrontements brutaux, investigations et choix moraux complexes. Akari devient une pièce maîtresse du récit, incarnant à la fois un lien vers son passé et une énigme à résoudre.
Le premier tome pose ainsi des bases solides, mêlant drame familial, codes du polar et surnaturel avec une fluidité rare. Mais si le récit sait capter l’attention dès les premières pages, il ne vous laisse aucun répit, vous entraînant dans un tourbillon de violence et de trahisons où chaque révélation redéfinit les enjeux.
Visuellement, Brave Bell frappe fort. Le trait affûté de Okane insuffle à chaque page une intensité brute, où l’émotion et la violence cohabitent dans un ballet maîtrisé. Loin de se contenter d’un découpage classique, le manga joue sur des compositions dynamiques, alternant pleines pages spectaculaires et cases morcelées pour accentuer l’urgence des scènes d’action.
Les combats sont d’une lisibilité exemplaire, chaque mouvement bénéficiant d’un sens du poids et de l’impact rarement atteint dans le shōnen moderne. Là où certains mangas misent sur des explosions de traits pour simuler la rapidité, Brave Bell préfère le détail, la gestuelle, et surtout une chorégraphie qui respire la brutalité du réel. Chaque coup porté semble lourd, chaque confrontation est un duel où la moindre faille peut s’avérer fatale.
Mais le véritable tour de force du manga réside dans son ambiance visuelle. Les arrière-plans ne sont jamais de simples décors : ils racontent autant d’histoires que les personnages eux-mêmes. Une ruelle trempée par la pluie, un appartement aux murs jonchés de vieilles affiches déchirées, une lumière blafarde filtrant à travers des stores brisés… Tout est pensé pour immerger dans une atmosphère pesante, où la tension se ressent avant même qu’un coup ne soit échangé.
Okane excelle également dans l’expression des visages, jouant habilement sur les regards et les silences. Dans Brave Bell, un rictus esquissé peut trahir un mensonge, un tremblement de paupière peut être le signe d’une peur dissimulée. Cette attention au détail confère à l’œuvre une profondeur émotionnelle rare, où chaque interaction semble chargée d’un sous-texte plus sombre qu’il n’y paraît.