Sorti en accès anticipé sur Steam le 14 avril 2024, Cthulhu’s Reach: Devil Reef plonge les joueurs dans un roguelike d’action en vue isométrique, inspiré par l’univers de H.P. Lovecraft. Développé par The Fine Arc et publié par First Break Labs, ce titre combine exploration, combats tactiques et gestion de ressources dans un cadre oppressant.

 Entre ses mécaniques coopératives et son ambiance lourde de mystère, le jeu s’inscrit dans la continuité des adaptations lovecraftiennes. Mais est-il à la hauteur des attentes imposées par son univers ?

Un récit de ténèbres et de secrets

Dans Cthulhu’s Reach: Devil Reef, l’histoire commence sur une note énigmatique et inquiétante. Vous incarnez un explorateur naufragé sur le Devil Reef, une région isolée et sinistre, réputée pour ses légendes marines terrifiantes et ses cultes interdits. Contraint de survivre dans ce lieu désolé, vous découvrez rapidement que les récifs sont habités par des créatures cauchemardesques et des cultistes vouant leur existence à des entités anciennes.

Le récit est distillé à travers des éléments environnementaux, des journaux abandonnés et des murmures dans les ténèbres. Fidèle à l’esprit de Lovecraft, le jeu préfère suggérer des horreurs indicibles plutôt que de les révéler pleinement. Les indices disséminés dans le Devil Reef permettent aux joueurs de reconstituer les événements ayant conduit à la corruption du lieu, ainsi que de comprendre leurs propres liens avec les mystères environnants.

Bien que centré sur l’explorateur incarné par le joueur, le jeu présente plusieurs personnages secondaires, tels qu’Elias Crowe, un capitaine rongé par la folie, ou Serena Marsh, une érudite obsédée par la compréhension des rituels anciens. Ces figures agissent comme des guides ou des obstacles, et leurs motivations ambiguës renforcent l’atmosphère paranoïaque.

L’histoire explore des thèmes lovecraftiens classiques tels que la folie, l’insignifiance humaine face au cosmos, et la dualité entre la curiosité et la peur. Chaque interaction et chaque découverte accentuent le sentiment d’impuissance du joueur, tout en offrant des moments de réflexion sur la nature de la réalité.

Entre terreur et tactique

Cthulhu’s Reach: Devil Reef s’appuie sur une boucle de gameplay immersive et exigeante, mêlant combats stratégiques, exploration périlleuse et gestion des ressources. Chaque partie propose une expérience renouvelée, grâce à des éléments procéduraux qui s’intègrent harmonieusement à la structure roguelike du jeu.

Les affrontements se déroulent en temps réel, mettant à l’épreuve les réflexes et la prise de décision du joueur. Armé d’un éventail limité d’armes — allant du pistolet rouillé au harpon artisanal —, le joueur doit constamment équilibrer attaque et défense. Les ennemis, qu’il s’agisse de cultistes armés ou de créatures marines, présentent des comportements variés, exigeant une adaptation constante des stratégies.

La gestion des munitions et de l’endurance est cruciale. Tirer sans discernement ou se lancer dans des combats prolongés peut rapidement mener à la défaite. Heureusement, l’environnement joue un rôle tactique majeur : des barils explosifs, des pièges improvisés, ou des zones étroites permettent d’exploiter les faiblesses ennemies.

Le Devil Reef est un environnement semi-ouvert, généré de manière procédurale. Chaque zone regorge de trésors à découvrir, d’indices narratifs et de dangers imprévisibles. L’exploration est encouragée, mais toujours risquée : rester trop longtemps dans une zone attire des créatures plus puissantes, intensifiant la difficulté.

Le système de terreur croissante, intégré au gameplay, ajoute une pression constante. Plus vous explorez, plus la présence des entités abyssales devient palpable. Cette mécanique pousse le joueur à choisir entre approfondir sa recherche ou battre en retraite pour survivre.

Les environnements, bien que générés de manière procédurale, sont conçus pour maintenir une tension constante. Des grottes sombres et humides aux falaises battues par les vagues, chaque lieu semble hanté par une présence invisible. Les chemins sinueux et les zones étroites favorisent les embuscades, tandis que les espaces ouverts génèrent une angoisse face à l’immensité et l’inconnu.

En tant que roguelike, Devil Reef repose sur une progression où chaque échec est une opportunité d’apprentissage. Les améliorations obtenues lors des explorations, qu’il s’agisse d’armes améliorées ou de compétences renforcées, persistent d’une partie à l’autre, offrant au joueur un sentiment de progression malgré la difficulté élevée.

Une immersion lovecraftienne réussie

Cthulhu’s Reach: Devil Reef brille par son atmosphère visuelle et sonore, qui plonge le joueur dans une expérience oppressante et troublante, fidèle à l’héritage de Lovecraft. Les graphismes et la bande sonore travaillent de concert pour instaurer un sentiment constant de danger et d’inconfort.

Le jeu adopte une direction artistique mêlant réalisme et surréalisme. Les environnements, des récifs battus par les vagues aux grottes marines lumineuses, sont riches en détails et participent à la narration. La palette de couleurs, dominée par des tons sombres et froids, renforce l’ambiance lugubre, tandis que les éclats de lumière sporadiques évoquent un espoir fragile dans les ténèbres.

Les ennemis, qu’ils soient humains ou monstrueux, bénéficient d’un design soigné. Les cultistes affichent des traits distordus par la folie, et les créatures aquatiques, comme les hybrides mi-humains mi-poissons, dégagent une étrangeté inquiétante. Ces choix visuels accentuent le malaise du joueur face à l’étrangeté et l’inconnu.

Cependant, certaines textures, notamment dans les arrière-plans ou les gros plans sur des objets interactifs, peuvent paraître légèrement simplifiées, trahissant les limites d’un budget indépendant. Néanmoins, ces défauts techniques sont largement compensés par la cohérence artistique globale.

La musique, composée par Eldritch Toneworks, joue un rôle essentiel dans l’immersion. Les morceaux, principalement orchestraux, oscillent entre des thèmes minimalistes angoissants et des crescendos chaotiques lors des combats. Cette approche musicale renforce l’idée de tension croissante, un élément clé du gameplay.

Les effets sonores, quant à eux, sont une véritable réussite. Chaque bruit, qu’il s’agisse du clapotis des vagues, des grognements des créatures ou des murmures lointains des cultistes, contribue à l’ambiance oppressante du jeu. La spatialisation sonore est particulièrement efficace : entendre un bruit derrière soi ou sur le côté amplifie la peur et l’urgence des combats.

Enfin, les murmures en langues anciennes et les chants rituels ponctuent certaines séquences, ajoutant une couche de mystère et d’immersion à l’ensemble. Ces éléments sonores évoquent subtilement l’influence des entités cosmiques, sans jamais les rendre pleinement tangibles.

J’aime

L

Une ambiance lovecraftienne parfaitement retranscrite

L

Des mécaniques de santé mentale originales

L

Un système de combat exigeant mais gratifiant

L

Une rejouabilité élevée

J’aime moins

K

Une difficulté parfois frustrante

K

Des ralentissements occasionnels

K

Un mode coopératif déséquilibré

K

Des textures inégales