Sorti le 13 septembre 2024 sur Nintendo Switch, Deep Beyond est un jeu narratif développé par Avix Games et édité par Purple Play. Il vous plonge dans une aventure sous-marine, où exploration et mystères se mêlent pour raconter l’histoire de Lilly, une jeune plongeuse en quête de vérité sur la disparition de son père.
Le jeu mise sur une expérience immersive, combinant énigmes, narration interactive doublé d’une direction artistique distinctive, pour offrir un voyage introspectif au cœur des profondeurs marines. Mais derrière cette promesse d’immersion et d’émotion, Deep Beyond parvient-il réellement à captiver, ou s’égare-t-il dans ses abysses narratives ?
Dans Deep Beyond, vous incarnez Lilly, une jeune femme hantée par le vide laissé par la disparition mystérieuse de son père, un explorateur sous-marin de renom. Depuis son enfance, elle a grandi avec une seule certitude : quelque chose ne colle pas dans cette affaire. Ce n’est qu’à l’âge adulte qu’elle décide enfin de faire face à son passé, déterminée à plonger dans les profondeurs de l’océan pour obtenir les réponses qu’on lui a toujours refusées.
Élevée par Howard, un archéologue ami de son père, Lilly a appris à voir le monde sous l’angle de la science et de l’exploration. Ce dernier partage avec elle une obsession commune : la découverte d’un calice légendaire, un artefact antique reposant dans une épave au large des côtes. Officiellement, cette expédition sous-marine n’est qu’une mission archéologique, mais Lilly sent que les abysses lui réservent autre chose que de simples vestiges oubliés. Lorsque Howard disparaît à son tour, le doute n’est plus permis : les profondeurs cachent plus qu’une légende, elles dissimulent peut-être la clé de tout ce qui a brisé sa famille.
Le récit de Deep Beyond joue sur des thématiques classiques mais efficaces : la mémoire, l’héritage familial et le poids des secrets enfouis. Les dialogues cherchent à créer une connexion émotionnelle avec le joueur, mais le développement des personnages souffre d’un format trop court. Lilly, pourtant au centre de l’histoire, manque de profondeur. Ses motivations sont claires, mais elles ne sont jamais explorées avec suffisamment de nuances pour rendre son voyage pleinement impactant.
Howard, quant à lui, remplit son rôle de figure paternelle avec justesse, mais n’échappe pas à la caricature du mentor vieillissant et bienveillant. Son attachement au calice et à son propre passé reste survolé, ne permettant jamais au joueur de comprendre les véritables implications de ses recherches. Lorsqu’il se retrouve en danger, le sentiment d’urgence est bien là, mais le lien affectif entre lui et Lilly n’a pas eu le temps de se solidifier suffisamment pour que son sort pèse réellement sur la tension dramatique du jeu.
Si Deep Beyond parvient à installer une atmosphère intrigante, il peine à exploiter pleinement son potentiel narratif. L’histoire avance trop vite, privant les moments clés de l’émotion qu’ils mériteraient. Les rebondissements, bien que présents, manquent de subtilité et tombent parfois dans la prévisibilité. Le mystère autour du père de Lilly, qui aurait pu être un fil rouge puissant, se résout trop rapidement, laissant un arrière-goût d’inachevé.
Avec seulement une heure de jeu, le récit de Deep Beyond n’a pas le temps de respirer. Il enchaîne les événements sans laisser place aux silences, aux doutes ou aux moments contemplatifs qui auraient pu renforcer l’attachement aux personnages et à leur quête. Le voyage de Lilly aurait mérité plus d’espace, plus de développement émotionnel et une montée en tension plus progressive, afin d’ancrer véritablement le joueur dans cette plongée introspective.
Si Deep Beyond capte l’attention par son ambiance, il laisse cependant le sentiment d’une histoire racontée en accéléré, qui aurait mérité plus de profondeur et de nuances pour réellement marquer les esprits.
Si Deep Beyond se présente comme une aventure sous-marine immersive, son gameplay repose sur des mécaniques simples et accessibles, privilégiant l’exploration et la résolution d’énigmes légères. Le joueur suit un cheminement extrêmement linéaire, où chaque zone débloque la suivante sans véritable liberté de mouvement. L’objectif principal reste de progresser en fouillant l’environnement, en interagissant avec certains éléments et en déclenchant des événements scénarisés.
La navigation dans les profondeurs suit un rythme lent et contemplatif, une approche qui pourrait renforcer l’immersion si elle n’était pas entravée par un manque d’interactivité criant. Les actions se résument souvent à appuyer sur un bouton pour activer un mécanisme ou récupérer un objet, sans véritable complexité. Si certains jeux narratifs réussissent à compenser cette simplicité par une mise en scène soignée et un sentiment de progression organique, Deep Beyond peine à instaurer cette alchimie. L’ensemble finit par donner une impression d’assistance permanente, comme si le jeu refusait de laisser le joueur réellement explorer par lui-même.
Les énigmes, bien que variées, restent très basiques. Elles consistent la plupart du temps à activer des interrupteurs dans un ordre précis, aligner des symboles ou déplacer des objets pour débloquer un passage. Aucune ne représente un véritable défi, ce qui peut frustrer les joueurs habitués à des puzzles plus stimulants. À l’inverse, pour un public non initié, cet aspect peut rendre l’expérience plus fluide et accessible.
L’un des problèmes majeurs de Deep Beyond réside dans son rythme inégal. Certaines séquences s’étirent sans raison, notamment lors des phases de déplacement où le joueur se contente d’avancer sans rencontrer de véritables obstacles. Le manque de tension et d’enjeux ludiques nuit à l’immersion, et l’absence de danger ou de gestion des ressources enlève toute sensation de risque. Si le jeu se veut une aventure narrative avant tout, cette approche dessert le sentiment d’exploration et empêche de ressentir l’isolement et l’hostilité des profondeurs marines.
Le peu d’interactions disponibles renforce la sensation d’un jeu où l’on suit un script sans grande implication. Contrairement à d’autres expériences narratives sous-marines comme ABZÛ ou SOMA, où l’environnement joue un rôle actif dans la narration, Deep Beyond ne propose aucune mécanique émergente qui viendrait enrichir l’expérience. Tout est préconçu, dirigé et encadré, ce qui limite fortement la rejouabilité et enlève tout sentiment de découverte personnelle.
Si l’on accepte cette linéarité et cette approche minimaliste, Deep Beyond peut offrir une expérience agréable et fluide, idéale pour un joueur recherchant une aventure courte et accessible sans frustration. Mais pour ceux en quête d’une immersion plus profonde, le manque d’interactivité, l’absence de danger et la simplicité du gameplay risquent de laisser un sentiment de frustration et d’inachevé.
Si Deep Beyond peine à convaincre par son gameplay, il parvient néanmoins à capturer l’œil avec une direction artistique soignée et une atmosphère graphique séduisante. Les environnements sous-marins sont minutieusement conçus, offrant une plongée dans un monde aux teintes contrastées, où les abysses sombres rencontrent des touches de lumière vibrantes. La palette de couleurs joue un rôle clé dans la mise en scène des émotions, alternant entre des tons froids et métalliques pour instaurer une sensation de solitude, et des éclats lumineux plus chauds pour guider le joueur dans sa progression.
L’esthétique du jeu rappelle une bande dessinée en mouvement, avec des traits stylisés et un jeu d’ombres maîtrisé, conférant à l’ensemble une identité visuelle marquante. Chaque tableau semble pensé comme une illustration vivante, où les arrière-plans regorgent de détails discrets qui enrichissent l’ambiance sous-marine. La mise en scène exploite efficacement les perspectives et les changements de profondeur, offrant des panoramas saisissants et des moments contemplatifs qui fonctionnent bien malgré la linéarité du jeu.
Cependant, si le visuel capte l’attention, l’ambiance sonore peine à suivre. Les musiques restent extrêmement discrètes, se contentant souvent de nappes sonores atmosphériques qui peinent à marquer le joueur. Contrairement à des jeux comme ABZÛ, où la bande-son joue un rôle moteur dans l’expérience, ici, elle semble plus passive que réellement immersive. Certains passages, notamment lors des moments clés du récit, auraient gagné en intensité avec des compositions plus marquantes et un travail sonore plus enveloppant.

Les effets sonores sont quant à eux fonctionnels mais minimalistes. Les bruits de l’eau, les pulsations des profondeurs, les échos lointains, tout est là pour simuler une plongée en solitaire, mais le mixage sonore manque de subtilité et d’amplitude. Les silences, censés renforcer l’immersion, finissent parfois par accentuer la sensation de vide, rendant certaines séquences étrangement plates malgré leur potentiel visuel.
L’absence de véritable sound design dynamique nuit à l’expérience globale. Là où d’autres jeux exploitent le son comme un élément narratif à part entière, Deep Beyond le relègue à un rôle d’accompagnement secondaire, ce qui empêche de ressentir pleinement la tension et la majesté des profondeurs.
L’une des rares réussites dans ce domaine reste le doublage, qui apporte un certain cachet aux personnages, notamment à Lilly. Les performances vocales sont justes et bien interprétées, ajoutant une touche humaine qui manque parfois au reste du jeu. Malheureusement, l’écriture limitée et le manque de dialogues vraiment marquants empêchent ces performances d’avoir l’impact qu’elles méritent.
Si Deep Beyond brille par son identité visuelle, son travail sonore plus timide l’empêche d’atteindre une immersion totale. Le jeu parvient à créer de magnifiques images, mais il oublie de leur donner une âme sonore, laissant une impression de beauté incomplète, comme un monde sous-marin où aucun écho ne résonne vraiment.