header_ Downward: Enhanced Edition

Digimon Survive, développé par Witchcraft et publié par Bandai Namco, propose une expérience hybride entre visual novel et RPG tactique, sortant ainsi des sentiers battus des précédents jeux Digimon. Ce titre, disponible sur Nintendo Switch depuis ce 29 juillet 2022 après de nombreux retards, plonge les joueurs dans une aventure aux tonalités plus sombres que celles auxquelles la série nous avait habitués. Mais cette nouvelle direction narrative, mêlée à des mécaniques de combat au tour par tour, parvient-elle à convaincre sur la console hybride de Nintendo ?

Un scénario sombre aux multiples fins

L’intrigue de Digimon Survive est sans conteste l’un des points forts du jeu. Vous incarnez Takuma Momotsuka, un jeune lycéen parti en excursion scolaire avec ses amis. Ce qui devait être une sortie éducative se transforme rapidement en cauchemar lorsqu’ils sont transportés dans un monde parallèle peuplé de Digimons. Cet endroit, bien plus dangereux que celui auquel ils étaient habitués, les oblige à s’unir avec ces créatures numériques pour survivre face à des menaces croissantes.

Le ton du jeu est plus mature que dans les autres jeux de la franchise Digimon, abordant des thèmes tels que la survie, la trahison, et le sacrifice. Les personnages, bien que parfois stéréotypés, sont bien développés et leurs relations évoluent de manière crédible en fonction des choix que vous faites. Le scénario offre plusieurs fins, chacune influencée par les décisions que vous prenez tout au long de l’aventure, ce qui encourage la rejouabilité. Le joueur est constamment confronté à des dilemmes moraux qui ne sont pas sans conséquences. Par exemple, une décision qui pourrait sembler anodine au départ peut entraîner des répercussions dramatiques pour l’un des personnages, changeant ainsi le cours de l’histoire et sa fin, même si cette dernière a été prise très en amont.

Cette approche narrative s’accompagne cependant d’un rythme particulièrement lent. Les segments de visual novel, qui composent la majeure partie du jeu, deviennent laborieuses si vous n’êtes pas familiers ou fans du genre. Les scènes de dialogue sont longues et, bien que les interactions entre les personnages soient souvent intéressantes, ralentissent inexorablement la progression de l’intrigue. Ce déséquilibre dans le rythme pourrait décourager certains joueurs, en particulier ceux qui sont venus pour les combats et non pour la lecture intensive.

Des mécaniques de combat stratégiques, mais trop rares

L’autre moitié de Digimon Survive se concentre sur des combats stratégiques au tour par tour, dans la veine des RPG tactiques. Les combats se déroulent sur une grille isométrique où vous devez positionner vos Digimons pour exploiter leurs compétences et les faiblesses de vos adversaires. Chaque Digimon a ses propres compétences uniques et peut évoluer (ou « digivolver ») en fonction des choix que vous faites tout au long de l’histoire. Ce système de digivolution est l’un des aspects les plus intéressants du jeu, car il permet une personnalisation de votre équipe en fonction de votre style de jeu.

Cependant, bien que les combats soient bien conçus, ils sont malheureusement trop rares. La majorité du temps de jeu est consacrée à la lecture de dialogues et à la prise de décisions, les batailles n’intervenant que sporadiquement pour casser ce rythme. Cela donne l’impression que le jeu n’exploite pas pleinement son potentiel en tant que RPG tactique. De plus, les combats manquent de profondeur. Les tactiques de base suffisent souvent à vaincre les ennemis, et le manque de diversité dans les types d’affrontements rendent ces moments moins excitants qu’ils ne devraient l’être.

Un autre point à souligner est l’interface de combat, qui s’avère un peu datée. Les menus sont encombrés, et il faut un certain temps pour s’habituer aux commandes et à la gestion de l’équipe. De plus, bien que le jeu propose une variété de Digimons à recruter, les conditions pour les obtenir sont obscures.

Une réalisation technique contrastée

Digimon Survive présente une direction artistique qui rappelle les animes, avec des personnages bien dessinés et des décors détaillés. Les segments de visual novel sont magnifiques, avec des sprites de personnages expressifs et des arrière-plans qui captent parfaitement l’ambiance mystérieuse et oppressante du monde dans lequel Takuma et ses amis sont piégés. Les moments forts de l’intrigue sont souvent soulignés par des illustrations soignées qui renforcent l’impact émotionnel des événements.

Cependant, sur Nintendo Switch, le jeu montre des signes de faiblesse technique. En mode portable, les arrière-plans souffrent de baisses de résolution, rendant certains détails flous. Les chutes de framerate sont également fréquentes, en particulier lors des scènes de combat ou des transitions entre les segments narratifs et les phases de jeu.

La bande-son de Digimon Survive est globalement réussie, avec des morceaux qui collent bien à l’ambiance sombre et mystérieuse du jeu. Cependant, la répétitivité de certaines musiques, notamment lors des phases de combat, peut finir par lasser.

Un système de moralité qui manque de nuance

L’une des caractéristiques clés de Digimon Survive est son système de moralité, qui influence non seulement l’intrigue, mais aussi les digivolutions des Digimons et les relations entre les personnages. Le joueur doit constamment faire des choix qui sont catégorisés en trois alignements : Moral, Colérique, et Harmonieux. Ces décisions affectent non seulement le déroulement de l’histoire, mais aussi la façon dont les Digimons évoluent et interagissent avec Takuma.

Cependant, ce système de moralité manque de nuance. Chaque choix est clairement associé à un alignement spécifique, ce qui rend les décisions trop évidentes et moins engageantes. Les options morales sont toujours présentées de manière évidente, ce qui enlève une partie de la tension liée à la prise de décision. De plus, certaines conséquences ne sont pas aussi marquées qu’elles pourraient l’être, ce qui peut donner l’impression que les choix du joueur n’ont pas autant d’impact que prévu.

J’aime

J’aime moins

L

Une histoire captivante avec des thèmes matures

L

Des personnages bien développés et attachants

L

Une direction artistique inspirée de l’anime

K

Un déséquilibre entre les segments narratifs et les phases de combat

K

Des mécaniques de combat trop simples et trop rares

K

Des performances techniques inégales sur Switch

K

Un système de moralité trop simpliste