Test de Farrel
Evil Up est un jeu indépendant développé par le microstudio Lunar Pixel et édité par Ratalaika Games. Sorti sur toutes les plateformes au prix de 5,99 €, le titre se présente comme un jeu d’aventure et de stratégie avec des éléments de RPG, de Roguelike et de jeu de plateau…
Un immense mélange des genres qui ressemble plus à un gloubi-boulga qu’à une véritable production réfléchie. Mais que donne aussi bien dans le fond que dans la forme ce produit hybride ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.
Il était une fois…
Evil Up vous met dans la peau d’un champion au sein d’une terre féerique. Là, un vil dragon sème le chaos. Votre rôle est donc tout simplement de le pourfendre. Mais pour ce faire, il vous faudra gagner de l’or et de l’expérience, trouver des armes puissantes et vaincre ses abominables séides.
Comme souvent dans les Roguelike (sauf les meilleurs), le scénario semble avoir été rédigé à la va-vite sur un post-it sans réellement chercher à lui donner
une quelconque profondeur. Il n’y a pas la moindre ligne de dialogue avec les différents PNJ, aucune interaction, rien.
Chaque personnage secondaire n’est qu’une fonction, rien de plus. Le forgeron vend (et achète) des armes et des armures, l’apothicaire des potions et des ingrédients. N’espérez aucune diégèse construite, aucune quête secondaire, ni la moindre petite tentative pour vous inclure de façon active au sein de cet univers.
Vous êtes un héros anonyme et vous devez tuer le dragon. Ça s’arrête là.
Moche… mais pas trop
Evil Up est un jeu qui, de prime abord, pique indéniablement les yeux. Fait dans une bouillie de pixels qui se veut artistique ; le titre est un calvaire à parcourir et démontre un clair manque de maîtrise technique de la part des développeurs.
Et pourtant… au sein des six niveaux disponibles, les environnements sont variés et visiblement réfléchis avec soin. Paradoxalement encore, on dénote une
réelle volonté de bien faire, de même qu’un certain talent indéniable dans le level design qui, bien qu’aléatoire (il s’agit tout de même d’un Roguelike, donc avec des zones générées procéduralement) parvient toujours à garder une certaine cohérence.
Plus impressionnant encore, le titre dispose d’un bestiaire vraiment conséquent. Vous n’échapperez certes pas aux usuels swaps de couleurs, mais il faut reconnaître une vraie originalité et un nombre impressionnant d’ennemis différents, tous avec des caractéristiques uniques.
Ce qui me donne une excellente transition pour la partie suivante.
Un gameplay singulier
Evil Up vous propose donc de choisir tout d’abord votre héros (guerrier, mage, voleur, paladin sont disponibles dès le départ, les autres sont à débloquer au gré de vos parties).
Ce dernier débute son périple avec une arme et quelques potions. Libre à vous alors de choisir votre donjon et de vous y plonger jusqu’à ses tréfonds.
Chaque zone est composée de 25 niveaux qu’il vous faudra explorer pour récupérer des objets, monter en puissance et vaincre des monstres.
Si ces niveaux peuvent sembler relativement courts, il faut faire preuve d’une certaine dose de stratégie pour vous en sortir. En effet, les combats au tour par tour se font contre des ennemis fixes qui ne se déplacent pas. Ce sera donc forcément à vous de déclencher l’affrontement.
La force d’Evil Up vient indubitablement de là. Si les premières parties semblent incroyablement molles et redondantes, on se surprend à réellement s’impliquer et à s’investir dans ces niveaux en forme de puzzle.
Chaque adversaire dispose d’un nombre au-dessus de lui : ses points de vie. Il faut donc, pour s’en sortir, bien choisir sa cible pour éviter les affrontements trop retors et pouvoir atteindre le niveau suivant tout en glanant suffisamment d’équipement et de puissance pour ne pas mourir lamentablement.
Au sein de ces niveaux, vous allez également pouvoir rencontrer (toujours aléatoirement) des PNJ. Ces derniers vous permettront de revendre votre
précieux butin, mais également de réparer vos armes et armures, ou encore de confectionner des potions.
Ces PNJ sont donc indispensables pour parvenir à atteindre le dernier niveau, mais aussi pour vaincre les divers sous-boss qui se dresseront sur votre route.
Mais le sel du Roguelike vient aussi et surtout de la possibilité de s’améliorer après la mort. Et là encore, Evil Up fait le job avec un certain talent.
À chaque défaite, votre héros revient au niveau 1 et toute progression dans les donjons est définitivement perdue. Cependant, votre progression vous octroie un score converti en diamants, monnaie qui vous survit et vous permet d’acheter diverses améliorations dans le village, de recruter de nouveaux héros ou encore d’acheter des niveaux, des armes, des armures et des potions.
Tous les éléments du Roguelike sont donc bien présents, mais sous forme d’un étrange jeu de plateau où chaque personnage est représenté sous forme de pion immobile.
Étrangement addictif
Je ne vais pas vous mentir, tester Evil Up a été, dans un premier temps, un calvaire. Laid, austère, étrange dans sa conception ou dans son déroulé, d’une lourdeur sans nom… Ma première tentative de test s’est tout simplement soldée par un échec cuisant.
Mais les jours passants, je me suis surpris à y repenser. Puis à y revenir. Pour une petite partie… puis une seconde.
Evil Up dispose de ce potentiel indéniable, addictif, qui vous pousse à toujours vouloir aller plus loin. Vous êtes mort lamentablement ? Certes, mais si vous aviez plutôt cherché à aller à gauche… et puis vos équipements n’étaient pas optimisés… Non, vous pouvez faire mieux. C’est sûr.
Alors vous relancez une partie. Vous changez de zone. Fini la forêt et ses satanés singes voleurs, vous tentez la mine. Vous avancez… et parvenez au niveau 20. Ah, c’était tellement proche ! Allez, encore une petite…
Puis vous vous prenez à réellement aimer votre expérience, à y revenir avec goût et envie, juste pour quelques minutes… ou plusieurs heures. Vous testez les personnages, trouvez vos favoris, essayez d’avancer, encore et encore.
Oui, Evil Up est clairement un jeu qui maîtrise les codes du Roguelike. Certainement pas le meilleur, il serait fou de bouder le plaisir indéniable qu’il apporte.





