Fairy Fencer F: Refrain Chord est la suite directe du premier opus. Sorti initialement en 2014 sur PlayStation 3 et malgré un accueil tiède de la part de la presse et des joueurs, le titre de Compile Hearts (surtout connu pour la série des Neptunia) est revenu dans une édition « Advent Dark Force » ajoutant bon nombre de contenus sur PlayStation 4, puis PC et enfin Switch en 2019.

Série relativement peu connue en Occident et a fortiori en France, Fairy Fencer F retrace les aventures de Fang, un héros banal de RPG devenant par la force des choses un Fencer après être parvenu à sortir une épée magique d’un rocher. Accompagné par la fée Eryn, vivant au cœur de l’arme, il va parcourir le monde afin de libérer une déesse.

Scénario très quelconque, mécaniques de jeu directement inspirées de Neptunia, fan-service et humour débridé, tous les éléments communs des jeux estampillés Compile Hearts étaient là… sinon ce petit plus assez unique qui a su rendre leur autre série (ndlr: Neptunia) bien plus populaire.

Malgré tout, les développeurs japonais ont décidé de sortir un nouvel opus, très éloigné de son prédécesseur bien qu’il en soit la suite directe.

Vous l’avez compris : c’est parti pour un test complet de Fairy Fencer F: Refrain Chord, à paraître sur Nintendo Switch, PlayStation 4, PlayStation et PC (via Steam) le 25 avril 2023.

Editeur(s) /
Idea Factory
Sortie France
25 avril 2023
PEGI
+12 ans
Web Site officiel
Support de test Nintendo Switch

Noir c’est noir

Pour une fois, je n’axerai pas ce test principalement sur le scénario. Car bien que Fairy Fencer F: Refrain Chord soit un RPG, ce n’est clairement pas cette partie qui va particulièrement vous intéresser. Du moins dans un premier temps.

Contrairement à son aîné, Refrain Chord ose une voie bien différente en se présentant comme un véritable T-RPG reprenant peu ou prou les codes déjà établis par Hyperdevotion Noir (spin-off de la série Neptunia) sur PS Vita.

Un changement de gameplay surprenant qui ne sera certainement pas sans conséquences pour l’audience du titre, tant il s’éloigne de ce que le premier avait établi et semble aujourd’hui totalement dépassé.

Pour vous expliquer cela de manière plus juste, comprenez par-là que la formule s’éloigne drastiquement de tout ce qui a été établi par Fire Emblem. Et si la licence a su dominer le marché du TRPG de nos jours, ça n’a pas toujours été le cas.

Lors de la grande époque du genre (PS2 et PSP, puis en fin de vie sur PS Vita), les jeux de ce type étaient légion. De cet âge d’or ne sont restées que de très rares licences telles que Disgaea.

Sur ce point, Fairy Fencer F: Refrain Chord assume totalement son héritage. Vous disposez de diverses unités sur un champ de bataille de taille restreinte, devez les déplacer au tour par tour, choisir les attaques ou compétences à utiliser, vous servir du terrain ou de l’angle pour augmenter les dégâts.

La base n’est en rien originale et se repose même sur les acquis de toutes les licences qui l’ont précédée. Mais le titre ne se concentre pas uniquement sur cela, et ce sont justement ses spécificités qui font indubitablement sa plus grande force.

Vos héros sont tous des Fencers. C’est-à-dire qu’ils disposent d’une arme 

magique habitée par l’esprit d’une fée. Au gré de vos aventures, vous allez pouvoir libérer et enrôler de nouvelles fées, qui peuvent être assignées à vos différents personnages.

Par un principe peu ou prou similaire à celui de Fire Emblem: Engage, ces Fées peuvent évoluer, gagner des niveaux et ainsi débloquer de nouveaux pouvoirs qui sont alors à la disposition du protagoniste équipé.

Cette immense versatilité apportée par ce système est tout simplement unique et totalement maîtrisée. On en vient assez rapidement dans l’aventure à accumuler ces esprits… et à mettre des stratégies en place avec une déconcertante facilité.

Un héros dispose d’une excellente force physique mais d’une défense plutôt faiblarde ? Aucun souci, un esprit du feu va lui octroyer une compétence de buff en défense. Tel personnage est très lent ? Vous pouvez librement le transformer en magicien.

Les possibilités offertes par le jeu sont énormes, et jamais bridées par de quelconques archétypes. Il est, par exemple, tout à fait possible de transformer un guerrier brutal en soigneur, un soigneur en défenseur, etc.

Et comme ces compétences ne sont pas liées au personnage mais à la Fée en question, le changement est d’autant plus simple. D’une mission à l’autre, vous

avez la liberté de transférer l’esprit sur un autre de vos héros… avec toutes les compétences que ce dernier a déjà débloquées.

Il en résulte logiquement une immense versatilité et, de fait, la possibilité d’adapter ses stratégies avec une aisance déconcertante, sans jamais se sentir piégé par le jeu ; et tout en conservant l’identité propre de chacun de vos protagonistes (puisque les techniques de leur Fée principale – celle liée à leur arme – ne peuvent pas être changées).

Autre mécanique ajoutée par le titre : les Muses. Ces dernières sont, comme leur nom l’indique, des chanteuses. Si je parle au pluriel, comprenez que vous en aurez une dans votre équipe… et les ennemis également.

La Muse est une nouvelle classe, capable de créer une zone de buff importante autour d’elle (et qui se déplace en même temps qu’elle). Lors des combats contre une équipe disposant également d’une Muse, les deux chants vont entrer en conflit et ainsi créer des zones de buffs très importants pour vous… et pour vos adversaires.

L’idée est géniale, d’autant plus qu’elle est à la fois matérialisée par des jeux de couleurs (vos zones sont vertes, celles des ennemis violettes) et par la musique. Lorsque vous utilisez ces compétences de chant, votre héroïne chantera bel et bien. L’immersion est totale, réellement plaisante et offre un avantage non négligeable dans les affrontements. Et ce n’est pas tout.

En plus de toutes ces mécaniques, vos héros ont également la possibilité de fusionner avec leur fée, ce qui leur octroie temporairement un boost de puissance colossal ainsi que de nouvelles capacités. Oui, en ce qui concerne les TRPG modernes, Fairy Fencer F: Refrain Chord est clairement dans le haut du panier.

Le reste, en revanche…

Que les choses soient claires : Fairy Fencer F: Refrain Chord est un excellent TRPG. Chaque bataille est rondement menée, impose de la stratégie et de la réflexion. Il n’y a strictement rien à redire sur le gameplay. Tout au contraire, il fait indubitablement partie des meilleurs du genre.

Quel dommage que tout le reste soit raté !

Commençons par la base : le jeu est intégralement en anglais (texte et voix). Bien qu’il soit doublé de manière satisfaisante, je déplore l’absence de voix japonaises et de sous-titres français. D’autant plus que le titre parle sans cesse. Excessivement verbeux, vous aurez rapidement envie de presser le bouton « passer la séquence » tant ce babillage incessant est inutile.

Pourtant, le scénario n’est pas inintéressant. Malheureusement, il se perd rapidement dans un verbiage particulièrement lourd qui s’éternise jusqu’à devenir insupportable. Comptez une dizaine de minutes de ces dialogues insipides entre chaque carte, la grande majorité ne faisant ni avancer l’intrigue ni développer les protagonistes ou leurs relations.

Certes, il s’agit là d’un écueil habituel des jeux japonais qui ont malheureusement cette tendance à ne jamais aller à l’essentiel. Mais en ajoutant le fait que ces textes ne soient pas traduits, cela ajoute une couche de lourdeur dont le titre aurait pu se passer.

Et les débuts sont, bien entendu, les pires… En deux heures de jeu, par exemple, je n’ai eu l’opportunité de ne faire que trois cartes très courtes. Tout le reste n’était que palabres. J’ai rapidement pris le pli de passer en avance rapide les textes, ne ralentissant que lorsqu’une scène me semblait importante… Le pire étant que je n’ai, en utilisant cette méthode, peu ou prou rien perdu de la trame principale.

Vient ensuite la partie technique et graphique. Là encore, Fairy Fencer F: Refrain Chord est une catastrophe. Après ma première partie, j’ai même effectué une série assez conséquente de recherches afin de m’assurer de ne pas être en présence du remaster d’un opus PS Vita… Et malheureusement non, ce n’est pas le cas.

Car oui, Refrain Chord est clairement très éloigné des standards actuels. Le jeu semble venir d’un autre temps, d’une génération oubliée et totalement désuète. Les polygones sont grossiers, l’aliasing omniprésent, les modèles de personnages et les textures dignes des heures sombres de nos consoles portables.

En l’état, le jeu aurait clairement pu sortir sur PlayStation 2 sans le moindre souci. Vingt ans de retard technique et graphique, c’est dur pour un titre sorti en 2023.

Alors certes, dans ce type de production, les graphismes sont secondaires. Certes également, les visuels des protagonistes et des décors sont vraiment réussis. Certes encore, les cinématiques sont fort jolies et même parfois assez impressionnantes…

Mais est-ce que cela excuse que le reste soit aussi bâclé ? Je ne saurais que trop vous conseiller de vous fier à votre instinct et à vos priorités, au risque de passer à côté d’un titre qui, malgré tout, vaut largement le détour.

J’aime

J’aime moins

L

Le système de Muse

L

Les Fées, optimisables et équipables à loisir

L

Les arènes de combats, petites et intenses

L

La boucle de gameplay

L

Un style manga très agréable

L

Des cinématiques magnifiques

L

Une bande-son vraiment entraînante

K

Graphiquement daté

K

Techniquement obsolète

K

Excessivement verbeux

K

En anglais uniquement