Little Witch Nobeta fait indubitablement partie de ces titres qui attirent l’œil au premier trailer. Mignon à souhait et disposant d’arguments visiblement très solides, le titre de Simon Creative avait tout pour plaire à l’amateur de JRPG, des Ateliers et autres titres du genre. Test sans concessions d’un jeu qui restera dans l’ombre à cause d’une flagrante erreur de communication et de marketing…

Editeur(s) /
Idea Factory
Sortie France
7 mars 2023
PEGI
+12 ans
Web Site officiel
Support de test Nintendo Switch

Little Witch Nobeta

Dans Little Witch Nobeta, vous incarnez… Nobeta, la petite sorcière. Jusque-là, il faut avouer que tout va bien et semble parfaitement cohérent. Cette dernière se retrouve devant l’entrée d’un donjon qu’elle va devoir explorer dans l’optique de retrouver ses souvenirs. Rapidement attirée par les miaulements plaintifs d’un chat, son premier objectif sera de le sauver des griffes des créatures qui hantent les lieux, l’amenant ainsi à vivre une aventure incroyable.

Premier constat : Little Witch Nobeta fait partie de ce pan de la culture nippone qui peine à se faire connaître du grand public et dans lequel je mettrais pêle-mêle des licences comme Madoka ou encore Made in Abyss. Soit des œuvres choisissant délibérément de casser les codes en adoptant un style graphique mignon mais une intrigue bien plus sombre ; comme si elles cherchaient à créer un mal-être chez le spectateur / joueur en lui offrant quelque chose auquel il ne peut pas s’attendre.

Disposant d’une intrigue relativement sommaire, Nobeta est pourtant un jeu sans concessions au ton bien plus sombre qu’il ne pourrait sembler de prime abord. Sans tomber pour autant dans l’ultra-violence ni une quelconque forme de contenu choc, il se dégage des pérégrinations de la petite sorcière comme une douce mélancolie, entre secrets interdits et tristes découvertes.

Un jeu qui s’apprécie donc pour son histoire, bien que cette dernière aurait mérité de disposer d’une narration quelque peu plus approfondie. Le sentiment de rester sur sa faim est là, d’autant que le propos est souvent juste et pertinent. Mais les passages faisant avancer l’histoire sont trop dispersés, souvent mis en scène de manière peu probante ni impactante ; avec pour finalité cette impression d’être resté en surface tout du long.

Bien entendu, cette impression est indubitablement renforcée par cette solitude qui étreint notre héroïne tout au long de son périple. Elle parle souvent seule, en arrive à ses propres conclusions ; sans interactions lui permettant de vérifier sa perception de la vérité.

Un TPS qui tait son nom

Le gameplay de Nobeta fait indubitablement partie de ses plus grandes forces… et paradoxalement, de ce qui le dessert le plus. Car alors que vous vous attendez sans doute à trouver un RPG classique, voire un Action-RPG, c’est tout autre chose qui se dévoile au gré de vos pérégrinations.

En lui-même, le titre est intégralement contenu dans un immense donjon, constitué de salles secrètes, d’énigmes et de monstres à combattre. Votre

progression se fait naturellement, forte d’apprentissages divers et variés afin de vous aider à avancer toujours plus.

Loin d’un metroidvania cependant, le titre se révèle au fur et à mesure assez dirigiste, ne proposant que quelques chemins de traverse et autres salles secondaires contenant du butin. L’exploration, bien que toujours récompensée, n’est guère optimale et il devient rapidement assez simple de savoir quel chemin prendre pour suivre l’intrigue, et lequel emprunter afin de découvrir un coffre ou un bonus quelconque.

Pour se défendre, votre petite sorcière dispose de plusieurs atouts dans sa manche. Outre les commandes de base (marcher, courir, esquiver) ; elle peut en effet compter sur son bâton pour attaquer au corps-à-corps, mais aussi et surtout sur sa magie.

Le contact est à éviter autant que possible. Bien entendu, Nobeta est une sorcière et, à ce titre, demeure faible physiquement. Les dégâts causés par votre arme sont ridicules et la plupart des attaques de vos ennemis font très mal. Cette fonctionnalité est donc plus à prendre en compte comme un ultime recours, un moyen de vous dépêtrer d’une situation inextricable.

Le principal du gameplay repose donc sur l’utilisation de la magie. Là encore, Nobeta dispose de plusieurs manières de vaincre ses assaillants : un tir rapide, qui envoie un projectile de faible intensité ; un tir chargé, qui fait bien plus de dégâts mais qui demande du temps avant de pouvoir être utilisé (et peut être interrompu en cas d’attaque) ; et enfin les sorts qui, eux, consomment beaucoup de mana mais sont redoutables et permettent de toucher les 

faiblesses.

En tant que magicienne, Nobeta doit veiller sur sa barre de mana afin de ne pas se retrouver bloquée. Cette dernière, contrairement à ses points de vie, se recharge au cours du temps, y compris dans le feu de l’action. Cependant, elle peut également se vider rapidement et bloquer toute possibilité de réellement atteindre vos adversaires.

Pour mieux viser, vous pouvez utiliser, à l’instar de n’importe quel TPS, la gâchette supérieure gauche (LT), puis tirer avec celle de droite (RT). À cet instant, le ciblage est indiqué par un réticule prenant peu ou prou la forme de ce qu’on peut retrouver dans n’importe quel cockpit de mecha ou d’avion. Cette sensation est très étrange la première fois, cette nouvelle interface ayant l’air de sortir d’un autre jeu, comme si elle avait été implantée là par erreur. Le niveau de zoom s’accentue également, vous laissant la liberté de cibler des zones spécifiques du corps des monstres.

Ces derniers disposent, bien entendu, d’un point faible maximisant les dégâts en cas d’impact précis. Plus que notable, cette différence est bien souvent la seule manière de se sortir indemne d’une situation dangereuse. Il faudra donc vous montrer particulièrement précis pour espérer vous en sortir.

Car oui, Little Witch Nobeta est un jeu difficile. Sans atteindre le niveau d’un Soulsborne, il vous demandera rigueur et réflexion pour en venir à bout, d’autant que d’imposants boss sont à prévoir tout au long de l’aventure. Le gameplay du jeu se montre particulièrement efficace, surtout en avançant dans l’intrigue et en affrontant des ennemis plus nombreux et puissants. La prise en main est particulièrement simple et intuitive, la maîtrise du personnage 

parfaitement adaptée au style et à la difficulté voulue par les développeurs.

Deux ombres au tableau sont à noter, cependant :

Tout d’abord, l’absence de réel inventaire est clairement préjudiciable. Nobeta peut porter sur elle jusqu’à 5 objets en même temps (potion de soin, de mana, etc.), un score trop faible qui nous oblige souvent à délaisser un butin rare et précieux, sans possibilité de le récupérer plus tard.

Bien que cela ne soit pas dû au jeu en lui-même, la visée à l’aide des Joy-Cons de la Switch est toujours aussi imprécise. Il n’est pas rare de mourir à cause de cela, augmentant drastiquement la frustration chez les joueurs les moins patients. Soyez prévenus.

Enfin, Little Witch Nobeta ne fait pas l’impasse sur la possibilité d’engranger de l’expérience afin d’augmenter les caractéristiques de votre petite sorcière… manuellement.

Entendez par là que le jeu s’est doté d’un système directement inspiré de AD&D. À chaque niveau, vous pouvez ainsi distribuer des points d’attributs entre la force, la magie, la vie, l’armure, etc.

C’est bien… Si le jeu proposait des archétypes différents ! Je le rappelle, c’est écrit dans le titre : Little WITCH Nobeta. Votre héroïne est une magicienne. De fait, augmenter ses statistiques physiques exige plus de points… tout en s’avérant drastiquement moins utile que le reste. À partir de là, il devient incompréhensible d’avoir ce système à disposition, tant ce dernier se révèle inutile.

Le problème de la DA

Little Witch Nobeta attire l’œil dès les premiers instants. Le cel shading est propre, les animations réussies. Le modèle de la petite sorcière, tout autant que celui du chat qui l’accompagne, est travaillé avec soin.

Puis vous entrez dans le donjon. Et là… préparez-vous à une cruelle désillusion. Les décors se répètent à l’infini, tous les ennemis se ressemblent (sauf les boss).

Le peu d’effort créatif rend le jeu redondant à souhait, pour ne pas dire insipide au bout d’un certain temps.

Quelques rares moments originaux viendront pimenter votre aventure, sans pour autant parvenir à la sublimer réellement.

Côté level design, les développeurs ont tenté d’apporter quelques subtilités pour vous offrir des moments de jeu quelque peu différents. Mais là encore, ce n’est guère probant. Les phases de plateformes sont inutilement complexes, les puzzles ne parviennent pas à convaincre non plus. Au final, vous appréhenderez ces passages plus que le reste du titre, espérant pouvoir retrouver la quiétude de cette boucle de gameplay malgré son incessante répétition.

J’aime

J’aime moins

L

Une belle aventure…

L

Mignon dans son design

L

Le gameplay magique

L

Certains combats de boss

K

…Mais qui manque de développement

K

Décors et ennemis redondants

K

Le lore n’est jamais approfondi

K

La narration manque de subtilité

K

L’absence d’inventaire

K

Une visée imprécise aux Joy-Cons