Paperman : Adventure Delivered est le premier jeu développé par Secret Item Games, une société jusqu’alors spécialisée dans le portage de jeux PC sur consoles.

Ce sont eux, notamment, qui se sont occupés des versions Nintendo Switch de Nowhere Prophet ou Autobahn Police Simulator 2. Un CV qui n’est pas forcément particulièrement reluisant, mais qui permet au moins de situer les compétences de l’équipe face à la concurrence… et sans doute de mieux comprendre l’ampleur de l’échec qu’est Paperman : Adventure Delivered.

 

Les Quatre Facteurs de l’Apocalypse

 

Paperman : Adventure Delivered vous raconte l’histoire de Paperman et de son équipe, facteurs intrépides travaillant d’arrache-pied pour que courriers et colis arrivent rapidement à destination.

Un beau jour, l’entreprise décide de créer un nouveau type de produit de luxe : des lettres en or massif. Faisant fi de l’inutilité crasse d’envoyer des missives dans des enveloppes pesant une tonne et pouvant être dérobées par n’importe qui ; ils décident d’en faire la promotion à la télévision.

Et ce qui devait arriver, arriva : un dragon cupide y vit une opportunité, ainsi que la promesse d’une fortune rapide et aisée. Il prit de fait son envol et s’empara de l’ensemble des lettres dorées, envoyant par la même valdinguer tous les courriers et autres paquets qui attendaient patiemment d’être livrés.

Paperman et ses collègues décident de courageusement se lancer à la poursuite du dragon, sans omettre pour autant de récupérer au passage un maximum de colis divers et variés. Car eh, même si le monde est en phase de sombrer sous les flammes d’un saurien capable de cramer un village en ronflant ; ils ne vont tout de même pas laisser de côté le boulot.

En termes de narration, Paperman : Adventure Delivered ne vole pas bien haut. Vous allez tour à tour explorer trois îles plus ou moins vastes, avec pour seul objectif d’en atteindre le bout tout en récupérant lettre, missives, colis et plumes afin d’engranger un maximum de points.

Quelques PNJs, tous membres de l’agence postale, viennent régulièrement exploser le quatrième mur afin de vous apprendre à jouer ou de vous aider à passer quelques difficultés, sans pour autant réellement développer l’intrigue ni la profondeur de ce scénario haletant.

 

Un jeu, ça se teste aussi…

 

Concernant votre « équipe », sachez que vous avez tout le loisir de diriger le facteur de votre choix. D’ailleurs, chacun dispose d’une capacité particulière : Paperman, le héros, est capable de jeter des lettres et de se téléporter à leur emplacement (ce qui est généralement synonyme de mort immédiate tant cette faculté est impressionnante). Express peut sprinter comme un dément sans s’arrêter et ainsi tomber dans n’importe quel ravin. Carl dispose d’une force colossale lui permettant de déplacer des rochers ; et, enfin, Scrolly est armé d’une plume grâce à laquelle il envoie des salves de vents.

Comme vous pouvez le deviner de mon ton particulièrement acerbe et sarcastique, le principal souci de Paperman : Adventure Delivered n’est pas son scénario inexistant mais bien son gameplay totalement aux fraises.

Véritable jeu de plateforme dans la droite ligne de titres comme Yooka-Laylee ; Paperman : Adventure Delivered se vautre dans un miasme d’incompétence mariné de flemme. Les commandes répondent mal, les sauts sont imprécis, les pouvoirs n’ont qu’un intérêt très relatif (quand ils ne vous précipitent pas immédiatement dans la tombe)…

Le jeu se targue de disposer d’un mode multijoueur, mais même en solo vous serez contraint et forcé de changer régulièrement de protagonistes afin de passer certaines épreuves et énigmes, ou simplement dans l’optique de collecter tout ce qui peut l’être… du moins si le jeu vous tient suffisamment en haleine pour cela.

Et le problème, c’est que contrairement à d’autres jeux du genre vous n’avez pas ici le loisir de switcher quand bon vous semble. Il faut, pour cela, trouver des boîtes aux lettres spéciales disséminées ça et là dans les niveaux. Vous commencez à voir le problème ? Bonjour les allers-retours inutiles afin d’augmenter artificiellement la durée de vie du titre, simplement dans l’optique de déplacer un rocher ou d’aller collecter une lettre en hauteur !

Car soyons clairs immédiatement : si l’idée de base ainsi que quelques mécaniques sont réussies, Paperman : Adventure Delivered fait indubitablement partie de ces titres qui auraient mieux fait de ne jamais voir le jour et ne se destinent littéralement à personne, quelque soit votre amour ou votre passion pour le médium.

Vous êtes ici en présence d’un titre développé à la va-vite, sans réelle envie ni passion, par une équipe maîtrisant mal les concepts les plus basiques du jeu vidéo. Et s’il est parfois possible de malgré tout trouver de l’intérêt dans un titre bancal et techniquement raté via quelques innovations ou idées particulièrement surprenantes ; ici ce n’est pas le cas.

Paperman : Adventure Delivered tente de faire comme tout le monde, mais en mal. À aucun moment de cette (trop longue) aventure vous ne serez surpris d’une quelconque manière, que ce soit par un niveau, une idée, un concept ou même une musique. L’entièreté du titre sent le ressucé et ne parvient jamais à divertir ni même à captiver.

 

Ce n’est pas votre boulot à la base… ?

 

Malgré tout ce que l’on peut reprocher à Paperman : Adventure Delivered, il faut lui reconnaître une direction artistique plutôt intéressante… pour ne pas dire réussie. Du moins, elle le serait si la technique n’était pas aussi déplorable.

Par où commencer ? Dès le lancement, le jeu vous donne le ton : les temps de chargement sont interminables et très mal animés, dignes des jeux flashs du début des années 2000.

Une fois en jeu, le constat est tout aussi déplorable : la distance d’affichage est ridicule, le jeu baigne dans un brouillard immonde ne permettant pas de voir à plus de cinq mètres et les lags sont aussi fréquents que gênants…

Pour rappel, Secret Item Games est spécialisé dans le portage de jeux PC sur Nintendo Switch. C’est littéralement leur travail que de connaître par cœur l’architecture de la machine afin d’optimiser au mieux les produits de leurs clients… Et quand on voit ce qu’ils parviennent à accomplir sur un jeu spécialement conçu et développé pour cette dernière, nul doute que l’état de leurs autres productions s’explique. Ce sont des incompétents. Ni plus, ni moins.