Potionomics: Masterwork Edition, développé par Voracious Games et édité par XSEED Games, est une simulation de gestion de boutique de potions qui mêle habilement des éléments de deck-building et de narration. Voracious Games, un studio relativement jeune, s’est déjà distingué par son approche originale des mécaniques de jeu et son souci du détail narratif. Sorti initialement en 2022 sur PC, Potionomics a su conquérir un public grâce à son univers envoûtant et ses mécaniques de gestion innovantes. La Masterwork Edition, parue le 22 octobre 2024 sur Nintendo Switch, enrichit cette expérience avec de nouvelles fonctionnalités, des doublages et des améliorations significatives qui promettent de redonner vie à cette aventure alchimique. Mais est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?
L’histoire de Potionomics prend place dans la ville magique de Rafta, où Sylvia hérite de la boutique de potions de son défunt oncle. Ce qui aurait pu être une aubaine se transforme en un véritable cauchemar lorsqu’elle découvre que la boutique est criblée de dettes. Pour sauver l’héritage de son oncle, Sylvia doit affronter les créanciers, surmonter des compétitions acharnées, et redorer le blason de sa boutique. Ce récit va bien au-delà d’une simple histoire de commerce ; il incarne une véritable quête de persévérance et de survie dans un environnement mercantile sans pitié.
Les personnages sont indéniablement le cœur palpitant de Potionomics. Chaque acteur de l’histoire — qu’il s’agisse des rivaux alchimistes, des aventuriers excentriques, ou des fournisseurs d’ingrédients mystérieux — possède une personnalité unique qui les rend inoubliables. Les dialogues regorgent de réparties savoureuses, d’humour subtil, et d’une légèreté qui adoucit les moments de tension. Les interactions entre Sylvia et les habitants de Rafta sont à la fois sincères et nuancées, un plaisir renforcé par des animations expressives qui insufflent de la vie aux protagonistes.
Il est important de noter que Potionomics n’est disponible qu’en version anglaise. Cependant, la qualité des dialogues originaux est excellente, parvenant à capter toute la verve et l’humour des interactions. Les jeux de mots et les échanges sont habilement conçus, offrant une expérience narrative plaisante même sans localisation française. De plus, le doublage vocal, introduit dans la Masterwork Edition, apporte une dimension immersive supplémentaire, chaque voix étant idéalement choisie pour correspondre à la personnalité singulière des personnages. Sylvia, par exemple, oscille avec aisance entre désespoir comique et détermination féroce, rendant son parcours d’autant plus attachant.
Le gameplay de Potionomics repose essentiellement sur deux axes : la gestion méticuleuse de la boutique de potions et les négociations avec les clients. La première partie implique de sélectionner les bons ingrédients parmi une vaste gamme, chaque composant apportant ses propres attributs spécifiques. La confection des potions est un exercice complexe, où le joueur doit jongler entre la rareté des ingrédients, l’équilibre des effets, et les attentes des clients. Créer une potion de qualité supérieure requiert une planification rigoureuse ; une seule erreur de dosage peut faire toute la différence entre une concoction de qualité premium et une solution invendable.
Les négociations avec les clients sont probablement l’élément le plus distinctif du gameplay. Ces transactions se déroulent sous la forme d’un jeu de cartes, chaque carte représentant une stratégie de vente ou une réponse émotionnelle. Sylvia ne doit pas seulement vendre ses potions, elle doit convaincre ses clients qu’ils en ont besoin, et à un prix digne de son talent. C’est ici qu’intervient le système de deck-building : le joueur doit créer un deck optimal pour maximiser ses profits, en s’adaptant aux comportements de chaque client. Les négociations deviennent ainsi de véritables duels psychologiques, où le charisme et l’intuition de Sylvia sont mis à l’épreuve.
Le level design de Rafta est conçu pour inciter à l’exploration. Chaque quartier possède sa propre identité, abritant des personnages clés qui influencent le développement de la boutique. Rencontrer ces personnages permet de débloquer des recettes rares, de bénéficier d’améliorations uniques ou d’acquérir des ingrédients difficiles à obtenir. La ville est vivante, vibrante, et chaque interaction enrichit l’expérience du joueur, le poussant à s’investir davantage dans le quotidien de Sylvia et de ses aventures commerciales.
Le jeu est divisé en chapitres, chacun se concluant par une grande compétition de potions qui oppose Sylvia à d’autres alchimistes chevronnés. Ces compétitions sont des moments de tension, où chaque potion doit être parfaite. L’aspect compétitif apporte un réel frisson et exige du joueur qu’il se surpasse, planifiant à long terme et maîtrisant chaque détail de la production de potions pour atteindre l’excellence.
Sur le plan visuel, Potionomics brille par sa direction artistique qui semble tout droit sortie d’un film d’animation. Les graphismes sont vibrants, les couleurs éclatantes, et les personnages sont magnifiquement animés. Chaque expression, chaque mouvement, raconte quelque chose — de la frustration de Sylvia lorsqu’une potion échoue à la joie exubérante d’une vente réussie. Les décors, riches en détails, offrent un cadre enchanteur à chaque scène. Qu’il s’agisse de la chaleur accueillante de la boutique ou des rues animées de Rafta, l’immersion est totale.
La bande-son accompagne merveilleusement le voyage de Sylvia, chaque thème musical étant parfaitement adapté aux situations rencontrées. Les moments de concoction sont soutenus par des airs légers et mystérieux, tandis que les négociations s’animent au son de mélodies dynamiques qui intensifient la tension. Les effets sonores sont également bien pensés, chaque potion ayant sa propre signature sonore qui renforce l’immersion. Le doublage vocal, une nouveauté de la Masterwork Edition, ajoute une autre dimension aux personnages, rendant les dialogues plus vivants et engageants. Chaque voix reflète non seulement la personnalité des protagonistes, mais aussi les subtilités de leurs motivations et de leurs relations avec Sylvia.
La Masterwork Edition de Potionomics ne se contente pas de polir le jeu original ; elle y ajoute des couches supplémentaires qui enrichissent considérablement l’expérience globale :
- Doublage vocal complet : Les voix, parfaitement choisies, apportent une profondeur incroyable aux personnages, donnant un supplément d’âme aux dialogues.
- Modes de difficulté supplémentaires : Les nouveaux modes « Cozy » et « Capitalism » permettent d’adapter l’expérience aux envies du joueur. Ceux qui cherchent une aventure décontractée opteront pour le mode « Cozy », tandis que les amoureux du challenge préféreront le mode « Capitalism » pour une compétition acharnée.
- Mode Infini : Pour ceux qui ne veulent jamais quitter Rafta, le mode infini offre la possibilité de continuer à gérer la boutique, perfectionner chaque recette, et améliorer les relations sans la contrainte du temps limité par la campagne principale.
Sur Nintendo Switch, Potionomics: Masterwork Edition fonctionne avec une fluidité respectable. Les graphismes sont bien optimisés pour le mode portable comme pour le mode docké, permettant de profiter du charme visuel du jeu en toute circonstance. Toutefois, il est à noter que certains ralentissements peuvent survenir lors de scènes d’animation plus complexes, comme lors des négociations intenses ou des concoctions nécessitant de multiples effets. Heureusement, ces ralentissements restent relativement rares et n’entachent pas significativement l’expérience de jeu.