À l’occasion de sa future sortie sur PS4, PS5 et PC le 21 septembre 2023, j’ai eu l’opportunité de réaliser une preview du tout premier jeu du studio coréen (ou presque) Sai : Eternights.

Pourquoi « ou presque » ? Eh bien, comme son nom l’indique (Sai signifiant en coréen « relation à distance »), le studio est essentiellement composé de développeurs issus de différents pays du globe, qui travaillent de concert.

Une organisation particulière, pour ne pas dire originale, qui pourrait bien rebattre les cartes de toutes les autres compagnies justifiant des retards à cause du télétravail durant la période COVID.

Car, comme je vais vous le présenter maintenant, Eternights est sans aucun doute un jeu à suivre de très, très près.

Editeur(s)
Studio Sai
Sortie France
21 Sept. 2023
PEGI
+16 ans
Liens Site Officiel
Support de test PC

La vie éternelle, c’est bien. Les rendez-vous, c’est mieux.

Eternights débute en vous mettant dans la peau d’un jeune homme désabusé qui, avec son compère Chani, tente désespérément de rencontrer l’âme sœur via diverses applications.

Oui, les deux jeunes hommes sont bien seuls et ne rêvent que d’une chose : pouvoir un jour s’offrir un rendez-vous galant avec une fille aussi belle que la célèbre chanteuse Yuna.

Le soir du premier jour de jeu, votre héros reçoit un SMS de son meilleur ami lui conseillant une appli « vraiment différente », capable de rapidement « matcher » après un bref test de personnalité.

Et… pour une fois, ça semble fonctionner. Vous voilà à la veille de votre premier rendez-vous avec une fille totalement inconnue et qui n’a, visiblement, pas toute sa tête. Mais qu’importe ? Votre héros « aime les folles ». Qu’est-ce qui pourrait capoter ?

Le lendemain, vous prenez donc le train en direction du centre-ville, là où vous devez rencontrer votre nouvelle amie avant un « date sur barque ». Mais patatras. Une violente explosion vient contrecarrer vos plans.

Partout à travers le monde, les cuves d’un nouveau produit miracle nommé Eternights se sont rompues en même temps, déversant des tonnes de produits chimiques alentour. Ce médicament d’un nouveau genre promettait à tous la vie éternelle… Et devinez quoi ? On dirait que c’est effectivement le cas.

Les gens se transforment en monstres assoiffés de sang, tandis qu’un étrange mur entoure désormais la ville. Vous vous réfugiez dans un abri souterrain avec votre ami, mais les choses ne vont pas se dérouler comme prévu…

En une heure de jeu, Eternights envoie du lourd. Du très, très lourd. Scénaristiquement captivant, capable d’implanter en une fraction de seconde la personnalité des différents protagonistes via une écriture soignée et des dialogues à la fois drôles et justes ; c’est une claque de talent que l’on se prend en pleine face.

Rarement, un RPG est parvenu à poser les bases de son lore, de son intrigue, mais également de ses personnages avec une telle maestria. C’est un tour de force qu’il faut saluer bien bas. Et de nouveau, je n’évoque ici que la première heure de jeu ! Par la suite, les événements s’enchaînent et l’intrigue s’enrichit de plus en plus à mesure que vous progressez. Sans spoiler outre mesure, il est question de bras coupés, de combats divins, de murs, d’arbres maléfiques et, bien entendu, de porno…

La maîtrise de la narration de cette preview d’environ 1h30 m’a donc donné l’opportunité de découvrir les grandes lignes de l’intrigue et, comme vous pouvez le comprendre, je suis totalement conquis.

Pourtant, je n’ai évoqué ici que le principal, sans réellement entrer dans les détails. Eternights est écrit avec grand soin, j’ai déjà parlé de cela. Mais pour être plus précis, il faut comprendre que l’ensemble de l’intrigue s’articule autour des réponses que vous pouvez choisir en fonction des situations.

Bien souvent (pour ne pas dire pratiquement tout le temps), ces dernières oscillent entre l’absurde, le comique et le sérieux, multipliant les situations cocasses et ubuesques. Mais plus important encore, ces choix sont également l’occasion pour votre protagoniste principal d’améliorer certaines caractéristiques sociales : la confiance en soi, l’expression orale, le courage, etc.

Dès que vous réalisez que ces options pourtant farfelues peuvent vous apporter des bonus réellement intéressants, vous n’hésitez plus et vous vous jetez tête baissée dans la direction souhaitée par les développeurs.

C’est drôle et amené de manière particulièrement intelligente pour ne jamais vous sortir de l’action, tout en apportant un vent de fraîcheur et de légèreté réellement bienvenu dans un contexte grave et sérieux.

Car, outre cet humour omniprésent, Eternights est également un jeu particulièrement difficile. Et si vous avez déjà eu l’occasion de vous frotter au moindre KRPG (Magna Carta en tête), alors vous voyez où je veux en venir.

Particulièrement sombre, par moments gore à souhait, Eternights ne se pose aucune question de limites ni de censure, quitte à faire mourir des personnages au design pourtant travaillé, signe qu’ils doivent intégrer l’équipe d’ordinaire.

Durant cette courte preview, je suis passé de surpris à stupéfait, incapable de retrouver les repères usuels de ce genre de productions… Au point de me laisser totalement happer par le jeu et son intrigue mais aussi, signe que nous sommes bel et bien en présence d’un titre à suivre de très, très près : l’envie de poursuivre une fois cette preview terminée.

Entièrement sous-titré en français, Eternights souffre malheureusement au moment où j’écris ces lignes de quelques imprécisions de traduction qui, sans gâcher l’expérience, sont malheureusement de nature à vous faire douter du sens d’une phrase. Par exemple, concernant certaines blagues fortes de sous-entendus, qui souffrent indubitablement d’un problème de localisation.

Malgré tout, et j’insiste : Eternights est écrit avec grand soin ; malgré la rudesse de l’action, j’en suis ressorti avec un sourire s’étirant d’une oreille à l’autre. Pas un dialogue, pas un choix ne m’a laissé de marbre. Un bel exploit que j’applaudis des deux mains.

Entre VN et RPG

Mais Eternights dispose, bien entendu, d’autres atouts et d’arguments de poids pour vous tenir en haleine.

Si le jeu promet un côté Visual Novel, voire Dating Sim, je n’ai malheureusement pas eu l’opportunité de le juger ailleurs que dans une petite séquence entre le héros et Yuna, à la sortie d’un combat d’anthologie.

De ce que j’ai pu en voir, on est dans du classique total : quiproquos, sous-entendus, blagues, moments de gêne, petits cœurs pour signifier votre réussite… Plus vos relations sont bonnes, plus vos compagnons seront efficaces en combat.

Par exemple, Yuna a pu débloquer une augmentation des soins prodigués après cette brève (mais intense) interaction. De même, réussir à employer les bons mots a permis de débloquer une scène sur le passé de cette dernière et, de fait, d’en apprendre plus sur elle, sur ses motivations et ses peurs les plus profondes.

La partie RPG, quant à elle, s’oriente vers de l’action. Vous contrôlez votre héros, seul capable de se dresser contre l’ennemi, tandis que vos compagnons vous suivent. Vous pouvez, sur une simple pression de la touche RT, ouvrir un menu contextuel afin d’utiliser leurs compétences.

Pour le reste, Eternights est d’une simplicité de prise en main déconcertante. Finies les touches en abondance ou les combos exigeant une mémoire quasi eidétique. X sert à attaquer jusqu’à cinq fois consécutivement. Une fois ce nombre atteint, il est possible d’exécuter une attaque puissante avec RB. A permet d’esquiver, l’utiliser lorsque l’ennemi est sur le point d’attaquer réalise une esquive dite « parfaite » et ralentit le temps tout en augmentant vos dégâts.

Réussir ces actions remplit une jauge qui, une fois pleine, peut libérer une puissante attaque élémentaire avec LT. Et enfin, B sert à réaliser un coup fatal.

Extrêmement nerveux, le gameplay d’Eternights n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains. Quel que soit le niveau de difficulté choisi, même en « mode histoire », certains affrontements peuvent s’avérer particulièrement retors.

De plus, vous rencontrerez régulièrement des ennemis dits « élites », sortes de boss. Ces derniers sont protégés par un bouclier qui ne peut être brisé que par les fameuses attaques élémentaires, ajoutant encore plus de défi.

L’intelligence des développeurs consiste à simplifier au maximum l’ensemble de ces mécaniques, puisqu’à chaque fois qu’une interaction spéciale est possible, le temps ralentit, vous indiquant la touche sur laquelle appuyer afin de déclencher la bonne compétence.

Bien que jusqu’à présent vous ayez le sentiment qu’Eternights est un jeu pratiquement parfait, il faut avouer que cette preview est également l’occasion de découvrir quelques points à surveiller.

Encore en développement ?

Eternights doit sortir le 21 septembre, ce qui laisse encore quelques mois au studio pour peaufiner son jeu.

Et c’est une bonne chose car, dans l’état actuel, il souffre de quelques imperfections réellement gênantes.

La première concerne justement le système de combat. Les commandes à la manette répondent parfois mal, sont imprécises ou, à d’autres moments, trop sensibles.

Les fenêtres contextuelles (ndlr : QTE) sont bien souvent courtes, trop pour un œil non averti. Il n’est donc pas rare de rater l’action souhaitée au pire moment à cause d’une fenêtre de timing trop étroite ou d’un changement inattendu de commande (un QTE vous demande dix fois d’affilée d’appuyer sur X à un moment précis pour lancer une attaque élémentaire, avant de changer brutalement pour Y, ou pour une succession rapide de pressions différentes).

Les menus, quant à eux, sont incroyablement sommaires et manquent de clarté. Bien que les quelques didacticiels qui ponctuent l’aventure permettent de comprendre l’essentiel, certains systèmes sont encore trop obscurs (comme les points d’ombre et de lumière permettant d’améliorer vos compétences qui, s’ils sont expliqués, m’ont semblé totalement incompréhensibles).

Enfin, à ce stade, visuellement le jeu oscille entre le franchement réussi et l’alpha un peu bancal. Il en résulte un étrange sentiment. Si les protagonistes sont dessinés avec soin, on ne peut pas en dire autant des décors.

Ternes, modélisés à la serpe et extrêmement redondants, j’ai pu voyager dans des souterrains mais aussi dans les rues étroites d’une ville en ruine.

Sombres et polygonaux, les décors ont l’air issus d’un autre temps. J’espère vivement que des améliorations seront effectuées sur ce point précis, particulièrement gênant.

Pour terminer, comment évoquer Eternights sans parler… du contenu interdit aux moins de 18 ans ? Très clairement, le jeu ne s’adresse pas à un public jeune. Le héros et son meilleur ami sont tous deux de jeunes adultes célibataires et particulièrement frustrés. Il en résulte régulièrement des discussions très limites qui, pour l’instant, savent relever de l’humour un peu potache. Reste à voir si les développeurs parviendront à conserver ce savoir-faire sans tomber dans des écueils trop extrêmes.

J’aime

L

Très bien écrit

L

Un humour décalé très efficace

L

Un gameplay nerveux

L

Des personnages impactant

J’aime moins

K

Des décors ternes et vides

K

Des actions contextuelles trop courtes

K

Manque d’explications

K

Certaines mécaniques trop obscures