Couteau et Piment Vert est un manga de Yuki Isoya, paru aux éditions Le Lézard Noir le 19 Juin 2024.

Une cuisinière à Kyoto durant l’après-guerre

Ichika Kuwanoki est une jeune veuve de 34 ans qui a perdu son époux, Takayuki, au front. Ce dernier était censé reprendre le Ryôtei (restaurant familial traditionnel), mais étant décédé, Ichika ne peut hériter de ce privilège, car c’est une femme.

La famille Kuwanoki, à savoir la mère et surtout la tante d’Ichika, décide donc de marier la cadette, Futaba, pour que leur restaurant de 200 ans d’âge subsiste ; mais rien ne se passe comme prévu. Le deuxième fils de la famille Yamaguchi contracte une alliance auprès d’une autre demoiselle, chambardant ainsi les négociations. C’est donc Amané, le troisième fils âgé de 19 ans, qui doit épouser Futaba. Ce dernier se montre particulièrement insolent, Futaba ne peut se résoudre à l’épouser et décide de s’enfuir avec l’homme qu’elle aime. La famille Kuwanoki décide de maintenir le mariage en plébiscitant leur fille aînée. Ichika et Amané ont 15 ans d’écart, la jeune femme supporte mal la nouvelle. En 1951, les parents avaient davantage d’ascendance, de fait, leurs décisions n’étaient pas contestables.

Ainsi, les deux jeunes gens se marient par intérêts communs : Ichika afin que le Ryôtei ne ferme pas ses portes, Amané pour que sa succursale d’Osaka s’implante à Kyoto.

Délicates recettes

Ce Kyoto de 1951 se reconstruit après la Seconde Guerre mondiale. Les Américains sont encore sur le sol japonais, créant des tensions palpables. Dans ce climat encore chancelant, la place de la femme se limite à ce que la tradition attend d’elle. Ichika ne possède pas les mêmes droits qu’un homme. Elle se soumet à l’autorité de sa famille, se montre toujours dévouée et appliquée en toutes circonstances. À son extrême surprise, Amané souhaite réellement qu’elle occupe la place de cheffe dans sa cuisine et que l’entreprise familiale se redresse. La tante d’Ichika a cependant du mal à y croire et y voit là un stratagème de la famille Yamaguchi pour s’approprier son bien.

Ichika est une jeune femme pondérée, qui n’a vécu que 2 mois avec son époux avant qu’il parte au front. Takayuki lui a légué con couteau de cuisine ; en se remariant, Ichika se fait la réflexion qu’Amané ressemble à un piment vert, il a l’arrogance de la jeunesse. Voilà pourquoi ce manga s’appelle Couteau et Piment Vert. On peut supposer qu’Ichika va lui permettre de mûrir à ses côtés.

Outre l’aspect historique très détaillé et fidèle, Yuki Isoya nous propose de savoureuses recettes à travers les différents volumes de Couteau et Piment Vert. Omelette normande, glace au maïs, aubergine kamo, poulet frit mariné au piment, courge kabocha au sésame… Les quantités exactes sont indiquées, ainsi que les différentes étapes pour pouvoir les réaliser soi-même. Ça donne très envie d’essayer !

Couteau et Piment Vert est un manga féministe ; Morgan, militaire américaine, espère que le Japon nommera plus de femmes au poste de cheffe.

Avec pudeur, ce mariage arrangé rapproche tout doucement Ichika et Amané. La jeune femme tient son métier vraiment à cœur. On ressent toute la passion qu’elle transmet dans ses plats. Ce manga est une invitation au voyage, à travers l’histoire et la cuisine.

Conclusion : Élégantes saveurs d’antan

Couteau et Piment Vert parvient à instaurer une romance délicate, rythmée de recettes traditionnelles appétissantes. Le pan historique est bien ancré, le mariage arrangé pudique. Subtil et savoureux, c’est un manga qui nous happe dès la première bouchée.