Shardlake est une mini-série de 4 épisodes, sortie le 1er Mai sur Disney+. C’est une enquête qui se déroule en Angleterre durant la Renaissance.

Qui a tué Robin Singleton ?

Le commissaire Matthew Shardlake est mandaté par Lord Cromwell afin de mener une enquête au Monastère de Scarnsea. Son précédent émissaire, Robin Singleton, s’est fait assassiner là-bas. Thomas Cromwell envoie donc Matthew pour démasquer le meurtrier et trouver des preuves en mesure de condamner cet endroit impie. Les terres seront ensuite données au Roi Henri VIII. Thomas Cromwell lui assigne également un assistant, Jack Barak, pour l’aider à mener à bien sa mission. Bien que Matthew soit très réticent à l’idée d’investiguer aux côtés de cet homme, il s’agit de la volonté de son supérieur, donc il s’y conforme.

Les deux émissaires atteignent l’immense monastère et commencent leur disquisition. Les moines sont tous très suspects et semblent cacher des secrets.  Au gré de leur enquête, les meurtres se multiplient. Il devient évident que St Donatien abrite un assassin depuis longtemps, bien avant le meurtre de Robin Singleton. Matthew et Jack doivent retrouver l’épée qui a décapité leur prédécesseur et percer les sombres secrets de cet endroit mystérieux…

Un enquêteur qui surmonte son handicap

Matthew Shardlake est handicapé, il souffre notamment d’une scoliose sévère. L’acteur qui endosse son rôle, Arthur Hughes, n’a pas de scoliose mais une dysplasie radiale du bras droit. Du fait de cette particularité, il excelle dans son interprétation de Matthew Shardlake.

Ce héros atypique dispose d’une belle moralité en des temps troubles où complots et assassinats sont monnaie courante. L’amour lui est refusé en raison de sa malformation. Bien des fois, il souhaiterait troquer son intelligence contre la beauté et connaître ces sentiments qui ne lui sont jamais accordés.

L’esprit vif de Matthew Shardlake va creuser en profondeur ce que St Donatien recèle ; en commençant par interroger Frère Simon, affamé et molesté par ses pairs. Le jeune moine semble savoir ce qui se passe au sein de ces murs et prétend que le meurtre de Robin Singleton n’est pas le premier…

Plus gros points forts de la série : les décors, les costumes et la mise en scène. Il y a une réelle maîtrise au niveau des plans, des jeux de couleurs intéressants qui font ressortir l’ambiance austère de St Donatien. Les vêtements choisis sont crédibles, les lieux agréablement cadrés ; dépeignant une Angleterre de 1537 convaincante.

Les musiques instillent une tension propre aux thrillers. Certes, les morts se multiplient très vite durant ces 4 épisodes et les émissaires royaux demeurent une menace pour les secrets du monastère… Toutefois, je n’ai pas ressenti l’atmosphère propre à la Renaissance en les écoutant. En comparatif, la série Médicis : Les Maîtres de Florence est un pur chef-d’œuvre, notamment pour sa bande-son exceptionnelle, qui rend pleinement hommage à cette époque.

Mauvais point : la caméra qui tremble beaucoup trop souvent, notamment durant des séquences qui n’en nécessitent aucune. Nul besoin de secousses agressives pour communiquer des émotions fortes. C’est une mode toujours d’actualité qui me donne la nausée et me sort du visionnage.

L’enquête, quant à elle, demeure très sympathique. J’ai lu Dissolution, le roman dont est tiré cette série, il y a fort longtemps. Il s’agit du premier tome des enquêtes de Matthew Shardlake, 6 autres sont ensuite parus. J’ai bien aimé, en dépit des longueurs. Ici, la série va droit à l’essentiel, sans insister sur le contexte historique religieux.

Il faut savoir que l’auteur, C.J. Sansom, est décédé le 27 Avril 2024, soit quelques jours avant la sortie de l’adaptation de son chef-d’œuvre, qui a reçu le prix Ellis Peter (autrice de ce cher Frère Cadfael) pour le Tome 2 de sa saga « Les Larmes du Diable ». Son 8ème tome demeurera inachevé.

Conclusion : Une enquête à l’époque des Tudors

Shardlake est une mini-série sympathique qui se regarde rapidement. L’enquête est bonne, toutefois les tremblements de caméra multiples dévalorisent cette œuvre. Ceux qui ne souffrent pas de motion sickness peuvent l’apprécier pleinement ; mais pour les autres comme moi, ce choix discutable est pénalisant. Le jeu des acteurs, les décors, les costumes et la mise en scène rehaussent ces 4 épisodes qui concluent l’enquête dans son entièreté.