Test de Misha
BROK the Investigator est une enquête en point and click qui entremêle des combats et de la réflexion, le tout intégralement doublé en anglais.
Une enquête futuriste
BROK met en scène des êtres anthropomorphes dans les années 3000. L’espèce humaine, par ailleurs inférieure d’un point de vue intellectuel, a disparu suite à une sorte de cataclysme. Les espèces survivantes se sont réfugiées sous le Dôme qui a donné naissance aux Drumers, des gens bénéficiant de privilèges avancés, tandis que les habitants externes sont appelés Slumers et sont considérés comme des pouilleux qui ne valent pas grand-chose.
BROK est un Slumer, il vit dans un appartement miteux avec son fils adoptif, Graff. Ce jeune félin est le fils de Lia, la femme que BROK aimait. L’enquête démarre en pleine scène d’action, des Tribots se déchaînant dans l’appartement, tandis que Lia l’accuse du pire.
BROK fait des cauchemars récurrents et souffre de troubles de la mémoire. De nombreux indices sont distillés un peu partout pour deviner les tenants et les aboutissants de sa véritable identité.
Dans ce monde souillé, les habitants sont forcés d’avaler une pilule anti-pollution chaque jour pour ne pas mourir étouffés. On nous dépeint un monde certes sale, mais aussi un croco qui a su conserver des valeurs à l’ancienne, privilégiant la nourriture solide tandis que Graff trouve cela absurde et ne jure que par les aliments reconstitués.
Après cet étrange cauchemar et l’échange entre BROK et Graff, on comprend que le lien père-fils est extrêmement tendu. Graff lui tient rigueur de pas mal de choses. Pour autant, au fil du déroulé, on sent qu’il essaie de comprendre ce père bagarreur qui lui cache bien des choses, dont ses combats dans l’arène virtuelle (qui est illégale).
Après cette séquence, donc, un flic des Drumers appelle BROK pour lui soumettre une requête singulière : retrouver son pistolet qu’il a égaré. C’est le point de départ.
Enchevêtrement maîtrisé
Il faut pleinement saluer la maîtrise des embranchements scénaristiques. Tous les choix ont des conséquences, le scénario a été pensé et je n’ai relevé aucune incohérence. Chaque personnage a été travaillé, même le plus petit pnj a droit à son doubleur. Un doublage extrêmement qualitatif par ailleurs, en anglais, ce qui octroie une immersion plus aisée pour nombre d’entre nous.
La BO colle bien aux événements. Suffisamment variée pour ne pas tomber dans la redondance.
BROK a bénéficié d’une très jolie campagne Kickstarter. C’est un projet qui a su séduire, convaincre une foule de gamers.
Adaptabilité
BROK dispose de nombreux arguments que les autres jeux ne proposent pas ! On peut agrandir la police d’écriture, désactiver tout inconfort et même passer les combats ! Ce que j’ai fait, car je voulais vivre l’enquête sans me battre. Assez bizarre pour un croco qui use de ses poings à tout-va. Certes, je préfère la simplicité pour la majorité des jeux que je fais pour leur histoire. J’ai grossi les polices et j’ai vraiment apprécié toutes les options proposées, il y en a même
pour les aveugles ! Incroyable ! Ce jeu a été conçu pour satisfaire tout le monde.
Toutefois, en dépit de 6 années de dur labeur, de nombreuses coquilles sont à déplorer et le son se réverbère une fois sur deux dans mes casques, mais aussi sur ma télé… Fabrice Breton a bossé quasiment tout seul sur son jeu, alors je ne peux pas mettre l’accent sur ces arias, qui n’entachent pas l’enquête en elle-même. Le pourcentage de l’avancée de l’histoire peut passer de 60% à 58% l’instant d’après, sans doute en se calquant sur les fameux embranchements. J’ai eu cela aussi vers 25%, ainsi qu’à la fin, le pire dénouement que j’ai pu choisir… J’ai décidé de poursuivre le combat avec Graff. Hélas, les conséquences furent dramatiques… Un jeu sans concessions donc, qui nous avertit dès le début. Par exemple, lorsqu’on ne remplit pas l’Objectif pour la prescription médicamenteuse du clochard… il meurt ! Oui, carrément ! À ce moment-là, je me suis dit : « D’accord, ça peut partir en vrille à ce point… »
Je n’ai pas forcément compris quoi faire à certains moments. Par exemple avec la statue du Sanqueue, à poser sur le poêle pour obtenir du plastique fondu et colmater le bécher.
Petit inconvénient que je dois évoquer : l’examen final de Graff. Il dispose d’1h et de fait, j’ai rushé les éléments scénaristiques dans le Musée, persuadée de ne pas avoir le temps. J’ai lu en diagonale, ce qui est vraiment dommage…
Hormis cela, j’ai passé un très bon moment. Il y a des interactions absolument partout, de l’humour, de la réflexion. L’interrogatoire du Bot était excessivement long, je dois l’avouer. Je n’ai pas compris tout de suite qu’on pouvait l’interrompre et sauvegarder tranquillement pour le reprendre au même point. Dans mon idée, ça cassait tout, en fait non.
En simplifiant tout le jeu au maximum, le bouton X permet de cibler les interactions. Ça facilite grandement le jeu. Oui, je ne joue en Extrême que sur Project Diva et Fire Emblem. Quand je découvre un jeu, la première fois de surcroît, j’aime le faciliter pour profiter de l’histoire.
Cachet dessin animé
Tous les personnages, les décors, sont impulsés comme un dessin animé à la main. Je me suis fait la réflexion suivante : Est-ce que BROK est un hommage à Wally Gator, dessin animé de 1962 ? Le héros est un alligator qui se prend pour un humain, coiffé du même chapeau violet et noir. Exactement le même chapeau. Je trouve la coïncidence troublante… Lorsque Ott demande à BROK si c’est un sang-mêlé lui aussi, BROK répond qu’il ne sait pas.
Le cachet dessin animé apporte quelque chose de frais, de différent. Pour autant, je crois que les gamers qui n’ont pas suivi le projet Kickstarter ont mal compris l’univers de BROK, le classant comme un simple jeu d’action sans réaliser toute la profondeur du titre. Peut-être aussi parce que la couverture le représente entouré de Squealers (des rats), Graff dans son ombre. Le poing, sa marque de fabrique qui sert aussi à amorcer pas mal d’interactions, peut prêter à confusion. Peut-être aurait-il fallu mettre en avant d’autres éléments afin que le public s’aperçoive qu’il s’agit avant tout d’une enquête en point and click ? Je trouve dommage que cette mauvaise communication glose BROK qui est un très bon jeu. Tous les joueurs qui ont suivi son histoire sont unanimes, encore faut-il qu’ils ne se fient pas à la jaquette…
Un inventaire fourni
Pour chaque objet présenté, l’interlocuteur a une réplique doublée, j’insiste, c’est un travail colossal. Même montrer des poils de chat ouvre un dialogue !
C’était inattendu de passer de BROK à son fils sans que rien ne le laisse présager. Comme BROK a vidé la corbeille à fruits, Graff râle en conséquence. Il y a un réel lien, des choix qui peuvent tout changer : regonfler le jouet avec la
fontaine à eau change la donne, Graff est heureux de le recevoir pour son anniversaire.
En cas de blocage, le jeu facilite la vie des joueurs. Il y a des Pubs à dégoter dans chaque scène. 3 chacune. Des QR codes qui fournissent des indices pour vous décoincer.
J’aurais aimé obtenir la bonne fin, découvrir tout le scénario, car hélas, mon enquête s’est soldée par un désastre à cause de mes choix téméraires. Bien sûr, il est possible de modifier ses actions et de rectifier le tir.




