Dans une quête effrénée pour découvrir des alternatives intéressantes à Pokémon, il y a souvent des déceptions. Des titres cherchant simplement à se reposer sur les acquis de la légendaire série de Game Freak, sans même penser à faire évoluer le concept, ni à réfléchir sur la grammaire du genre.
Et puis quelquefois, on découvre des titres comme Cassette Beasts.
Développé par Bytten Studio, petite équipe britannique composée de deux personnes (à laquelle s’ajoutent divers artistes pour l’aider sporadiquement) via le moteur gratuit et open source Godot Engine ; Cassette Beasts est ce qu’on appelle habituellement dans le jargon : une « putain de master class ». Désolé pour le langage, j’ai moi-même encore bien des difficultés à me remettre de cette expérience incomparable.
Sortez vos walkmans, enfilez votre plus beau bomber fuchsia et n’oubliez pas votre Flik Flak au poignet, c’est l’heure de retourner vers le futur !
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Editeur(s)
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Raw Fury |
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Sortie France
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25 mai 2023
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PEGI
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+7 ans
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| Liens | Site Officiel |
| Support de test | Nintendo Switch |
Captain N veut un Shiny
Dans Cassette Beasts, vous incarnez un jeune héros (ou héroïne, à votre libre discrétion) s’échouant en pyjama sur une plage inconnue. Incapable de se souvenir comment il est arrivé là, il va rapidement rencontrer Kayleigh, jeune femme rousse coiffée d’un béret vert qui le sauve in extremis de l’attaque d’un étrange petit monstre caché dans un cône de signalisation.
Kayleigh vous explique la situation : ce monde n’est pas le vôtre. Vous êtes à New Wirral, une île perdue au milieu de nulle part habitée par de singulières créatures.
Et désormais, c’est chez vous. Par chance, une maison de Port-La-Ville est libre. Vous vous y installez donc et décidez bien vite d’accompagner la jeune femme dans ses aventures.
Pour vous défendre face aux créatures qui peuplent cet étrange endroit, Kayleigh vous confie votre propre cassetophone (mais je détaillerai ce point plus tard).
Comment évoquer le scénario de Cassette Beasts ? Imaginez un Pokémon qui vous prend enfin au sérieux, qui vous propose une intrigue mature et originale, constituée de dangers et de mystères, de réflexions sur la vie et la société ; et vous n’aurez qu’un bref aperçu de la profondeur du titre de Bytten Studio.
Car, non content de proposer une intrigue forte et (j’insiste) vraiment originale ; Cassette Beasts instaure des relations sociales que vous allez nouer avec vos compagnons de route tout au long de l’aventure. Grâce à elles, vous allez renforcer votre équipe… mais également en apprendre plus sur chacun d’entre eux via des scènes parfois drôles, souvent touchantes ; mais toujours très bien écrites.
De surcroît, votre base de Port-La-Ville va continuellement évoluer au gré de vos pérégrinations. Les PNJs auront toujours quelque chose de nouveau à vous dire, que ce soit pour commenter votre quête en cours ou pour vous confier des missions annexes.
Disposant d’un lore incroyablement riche, plaisant à découvrir petit à petit, de personnages forts et attachants, d’une intrigue très bien ficelée que je refuse (même sous la torture) de vous spoiler ne serait-ce qu’un peu (il faut que vous découvriez les archanges par vous-mêmes) ; Cassette Beasts fait tout simplement partie des plus grands.
Go Go Cassettes Rangers !
Il est temps, mes amis. Temps d’entrer dans le vif du sujet. Temps d’aborder ce qui fait indubitablement de Cassette Beasts LE meilleur Pokémon-like existant à ce jour. Meilleur que Nexomon : Extinction ? Oh que oui. Meilleur que Pokémon lui-même ? Sans aucun doute.
L’originalité du titre vient déjà du fait que vous ne voyagez pas seul (sauf si vous le désirez). Vous êtes continuellement accompagné d’un coéquipier qui vous assistera lors des combats.
Cassettes Beasts se présente donc comme un RPG au tour par tour dans lequel vos créatures vont affronter les monstres sauvages et autres menaces qui se dressent sur votre route.
Vous allez bien sûr pouvoir « capturer » ces fameux monstres. Et rien qu’ici, Cassette Beasts se démarque de ses principaux concurrents.
En effet, le principe est simple : équipé de votre cassetophone, vous allez pouvoir « enregistrer » sur une cassette vierge les données des créatures que vous rencontrez.
On ne parle donc pas ici de capture à part entière, mais bel et bien de copie. Autrement dit, parvenir à ajouter un monstre à votre équipe ne met pas forcément un terme à l’affrontement.
De même, vous n’appelez pas ces fameux monstres au combat, mais vous prenez leur apparence toujours à l’aide de votre walkman. Une fois la barre de vie de la créature épuisée, c’est celle de votre héros qui commencera à descendre. La mort peut donc guetter à chaque recoin, et il ne faut jamais hésiter à changer de transformation pour éviter le game over.
Particulièrement stratégique, la table des types est bien différente de ce que vous pouvez retrouver ailleurs, de même que les forces et faiblesses. Et l’ingéniosité de ce système repose également sur les afflictions et bonus qui peuvent se déclencher. Une attaque « super efficace » n’aura pas forcément pour effet d’infliger plus de dégâts, mais va plutôt appliquer un malus à la créature ciblée.

Dans le même esprit, utiliser une attaque à laquelle le monstre adverse est résistant va lui octroyer des bonus qui peuvent rapidement changer le cours d’une bataille, comme un bouclier, un boost de vitesse ou de dégâts.
Plus improbable (et ingénieux) encore : certaines attaques peuvent modifier le type de la créature visée. Ainsi, infliger des dégâts de feu à un monstre de glace transformera le type de ce dernier… en eau.
Et comme l’ensemble des combats s’effectue en duo, je vous laisse imaginer les combinaisons stratégiques et tactiques possibles. Pour reprendre l’exemple ci-dessus, connaître ce changement de type peut vous permettre de déclencher, avec votre second personnage, une puissante attaque de type foudre qui, si elle n’inflige que des dégâts normaux aux monstres de glace, est particulièrement efficace sur les créatures d’eau, tout en leur infligeant le statut « conductible » qui double les prochains dégâts électriques.
Particulièrement ingénieux, le système de combat est incroyablement plaisant à prendre en main et chacun d’entre eux peut, si vous vous laissez prendre au jeu, se transformer en casse-tête.
Cassette Beasts aurait pu s’arrêter là au niveau de son originalité… mais non. Ce n’est que le début des festivités !
Car, non content de ce système de combat particulièrement original, il faut également discuter du leveling. Comme je vous le disais tantôt, vous n’appelez aucun monstre en combat, vous vous transformez.
Donc oui, vos créatures n’ont pas de « niveau » à part entière. À la fin de chaque affrontement, ce sont vos héros humains qui engrangent de l’expérience.
Vos créatures, elles, apprennent de nouvelles attaques au fur et à mesure qu’elles participent à des combats. Et là encore, Cassette Beasts ne fait pas comme tout le monde…
Vos monstres sont enregistrés sur des cassettes audio. Cela, nous l’avons déjà évoqué. L’important est de comprendre toute la grammaire intra-diégétique qui a été mise en place par Bytten Studio pour vous immerger un peu plus dans son univers. Par exemple, pour les soigner, vous devez utiliser… un crayon. Oui, pour les rembobiner.
Les attaques, elles, sont des stickers que vous pouvez coller (ou décoller) de vos fameuses cassettes, vous permettant ainsi de librement attribuer ces dernières à un monstre ou à un autre.
Oui, si vous avez la furieuse envie d’assigner une attaque de feu à un monstre de foudre, rien ne vous en empêche. Mieux encore, les attaques « neutres » prennent le type de la créature, boostant ainsi ses capacités offensives.
Le niveau de personnalisation de votre équipe est donc dantesque, il n’a d’autre limite que vos envies les plus folles… Et, Bon Dieu, c’est interminable… parce que ce n’est pas tout.
Une fois votre niveau d’entente avec vos compagnons suffisamment élevé, vous allez également pouvoir fusionner vos créatures. Technique nécessaire contre les monstres les plus puissants (dont les boss), la fusion a pour effet de créer une nouvelle créature plus puissante à partir de celles de vos héros. Cette nouvelle créature dispose de l’ensemble des attaques des deux, mais également de plus de points d’action…
Ah oui, j’ai failli omettre ce point : contrairement à la majorité des autres jeux du genre, Cassette Beasts n’utilise pas un banal système de « points de magie ». Vos monstres débutent chaque affrontement avec deux points d’action, puis en gagnent deux de plus à chaque nouveau tour.
Les attaques nécessitent plus ou moins de points pour être lancées. À vous de décider si vous souhaitez économiser ces fameux points pour débloquer plus rapidement vos actions les plus puissantes, ou envoyer tout ce que vous avez dès le début du combat.
Un terrain de jeu riche
Donc, vous l’avez compris : les combats sont tout simplement la quintessence du genre. Mais qu’en est-il du reste ?
Ce nouveau monde qui vous entoure, inconnu et mystérieux, est d’une richesse rare dans ce genre de productions. Se présentant sous la forme d’un open-world explorable à loisir, composé de plusieurs biomes, il regorge de secrets et de mystères issus des mondes desquels proviennent les habitants de Port-La-Ville.
Vous allez voyager de plaines en forêts, découvrir des temples en ruine et des métros désaffectés ; devoir sauter, courir, et même voler pour atteindre des zones lointaines et inédites.
Car oui, ENCORE une originalité de Cassette Beasts (comme s’il n’en avait pas assez) : le fait que vos créatures vont octroyer à votre héros des capacités d’exploration améliorées. Loin d’être aussi simples que les CS de Pokémon, ces nouvelles opportunités sont soit utilisables à des points précis (comme des courants de vents), ou à loisir (planer avec des ailes).
Une Bande Originale incroyable
Collant parfaitement avec le lore du titre, la bande-son s’oriente très logiquement vers une Pop 80’s / 90’s absolument parfaite pour tout amateur.
Entièrement écrite par Joel Baylis, on y découvre des pépites telles que Same Old Story ou encore Wherever We Are Now, elles accompagnent ce chef-d’œuvre à la perfection.