Ah, Capcom. Sans nul doute à l’heure actuelle l’une de mes entreprises de jeux vidéo favorites. Fort d’excellentes licences, mettant un point d’honneur à sortir des jeux excessivement qualitatifs et des remakes respectant à la fois leurs titres et les joueurs ; ils ont indubitablement une image de marque au mieux de sa forme.

Pourtant, Capcom n’a pas toujours brillé par le passé. Les erreurs marketing se sont, pendant une période, succédé. Jeux non traduits, produits à la limite de l’acceptable, voire ultra buggés… Tout le monde pensait cette époque révolue…

Jusqu’à la sortie d’Exoprimal.

Le jeu, disponible depuis le 14 Juillet sur pratiquement tous les supports, a été victime d’une campagne de bashing hors normes. Mais si on peut légitimement comprendre certains arguments, la réalité est peut-être un poil plus complexe.

Je vous propose de plonger avec moi dans une expérience singulière, à la fois déceptive et incroyablement addictive.

Car, et là est l’angle sous lequel je vais traiter ce présent test : je suis convaincu que nous ne sommes pas en présence du jeu qui était initialement censé sortir.

Editeur(s)
Capcom
Sortie France
14 juil. 2023
PEGI
+16 ans
Liens Site Officiel
Support de test Xbox Series

Un scénario ? Ou plutôt un prétexte ?

En 2040, une singularité a créé des vortex apparaissant aléatoirement sur le globe, entraînant des hordes de dinosaures décimant tout sur leur passage. Par chance, l’entreprise AIBUS a développé en secret de nouveaux équipements militaires surpuissants sur une île privée.

Vous incarnez un jeune pilote répondant au nom de code AS, nouvelle recrue d’AIBUS pour diriger ces fameux exosquelettes dernier cri. Votre première affectation est censée être tranquille afin de vous permettre de peaufiner vos talents.

Vous voilà donc fraîchement intégré à une nouvelle équipe : Hammerheads. Composée de vétérans, cette dernière a pour objectif de se rendre sur l’île Bikitoa, isolée et sans contact avec le monde extérieur depuis un incident ayant pratiquement décimé toute sa population.

Mais à peine arrivée sur place, l’intelligence Artificielle Léviathan vous transporte dans une simulation temporelle située en 2040 afin de vous faire revivre les événements ayant conduit à la réapparition des dinosaures, mais également dans le but de vous faire combattre à mort d’autres pilotes.

Le scénario d’Exoprimal… n’en est pas vraiment un. Certes, la majorité des joueurs de moins de 30 ans y verront sans nul doute une intrigue un peu nanardesque, non sans rappeler des œuvres telles que Carnosaur ou Tammy et le T-Rex.

Les autres (ainsi que les amateurs de retrogaming) y retrouveront avec une certaine surprise une étonnante correspondance avec l’intrigue de Dino Crisis, sorti en 1999 sur PlayStation 1, également développé par Capcom.

Dans ce dernier, une équipe de quatre militaires sont envoyés sur l’île d’Ibis pour extrader un scientifique parvenu, via un vortex, à faire revenir des dinosaures à notre époque.

Les similitudes sont trop grosses pour simplement relever de l’hommage, même discret, à l’un de leurs anciens titres. Et je ne parle même pas des protagonistes qui composent votre équipe !

Le design de Majesty n’est qu’un variant de Regina : même couleur de cheveux, tenue, positions…

Et tout dans le dernier titre de Capcom semble aller dans le sens de ma théorie : que ce soit cette base, mais surtout l’existence d’univers parallèles. Je reviendrai sur cette théorie plus tard.

Mais revenons à nos moutons (ou plutôt à nos dinos) ! Que vaut le scénario d’Exoprimal ? Eh bien, outre ce côté nanar mélangeant dans un improbable patchwork incohérent absolument tous les poncifs de la SF de ces trente dernières années ; il se laisse suivre avec un certain intérêt.

Singulier dans sa narration, il a l’avantage de ne jamais s’imposer à vous ; sinon lors de rares cinématiques et missions scriptées. Dans le hub, vous avez en effet accès à une section « base de données » dans laquelle vous avez le choix (ou non) de visualiser les indices que vous récoltez en terminant des parties.

Dans un jeu en tant que service où la majorité des joueurs n’ont cure de l’intrigue, c’est une excellente manière de proposer un compromis afin de ne pas alourdir la narration pour ceux qui ne le désirent pas, sans pour autant pénaliser les joueurs qui, comme moi, aiment découvrir toutes les subtilités d’un univers dans ses moindres détails.

Au commencement, il y a le tutoriel. Et jusque-là, tout va bien. Puis vous accédez au hub central (ici représenté par un simple menu). Alors vous découvrez toute l’ampleur de la supercherie d’Exoprimal. Un seul mode de jeu est disponible. Oui, un seul.

Nommé « Survie Jurassique », ce dernier vous propose de participer à des batailles d’une quinzaine de minutes selon deux types distincts : JcJ et JcE.

Vous avez dans tous les cas la lourde tâche de suivre les ordres de Léviathan en accomplissant divers objectifs (comme tuer des dinosaures, remplir un objectif en tuant des dinosaures, ou escorter un cube en tuant des dinosaures. Oh et, régulièrement, vous allez aussi devoir tuer de GROS dinosaures).

La différence entre ces deux modes de jeu ? En JcE, l’équipe qui parvient à accomplir ses objectifs le plus rapidement gagne. En JcJ, une fois tous les paliers atteints, vous vous mettez joyeusement sur la tronche avec l’équipe adverse.

Voilà tout ce que propose Exoprimal à son lancement. Et pourtant, loin d’être aussi redondant que l’on pourrait s’y attendre lors des premières parties, on découvre avec un certain plaisir des évolutions notables tout au long de la progression du scénario.

Nouveaux dinos, nouvelles cartes, nouveaux objectifs… Capcom a essayé par tous les moyens de diversifier son titre en disséminant avec parcimonie les nouveautés au gré des parties.

Mais, il faut le reconnaître, c’est sans doute là le principal défaut du titre : la première impression, surtout dans ce type de productions, est souvent déterminante. Et en l’état, vous avez le sentiment d’être en face d’une œuvre incomplète, sans aucune profondeur, bien vide et redondante.

Ne vous laissez surtout pas berner cependant par ceux qui martèlent en boucle que le titre ne dispose que de « 5 types d’ennemis et une seule carte », ils n’ont tout simplement pas joué au-delà d’une petite heure. Leur avis est donc totalement biaisé par, comme je le disais tantôt, la première impression donnée par le titre.

Capcom a cependant indiqué soutenir le jeu après sa sortie, et a d’ores et déjà annoncé que de nombreuses (et importantes) mises à jour seront déployées ; notamment via de nouveaux modes, monstres et exosquelettes. D’ailleurs, la première est prévue pour le 28 Juillet, soit à peine 14 jours après la sortie du titre.

Lors de mes premières parties, je rageais comme beaucoup en me demandant pourquoi avoir fait le choix de ne pas attendre deux petites semaines de plus pour sortir le titre avec le mode PvE directement inclus. Je pense le comprendre désormais, mais ne m’avancerai pas sur ce point. Rendez-vous fin Juillet via un nouveau test ou dossier pour voir tout cela en détail.

Un flagrant manque de finitions

Jusque-là, je pense avoir été assez mitigé dans mes propos. Mais il faut prendre un instant pour mettre en exergue les quelques malfaçons du titre qui ne laissent aucun doute sur le peu de temps octroyé à l’équipe pour finaliser le titre.

Commençons par la localisation en « français ».

Si, comme moi, vous avez joué au moindre jeu d’envergure sorti ces quinze dernières années ; alors au lancement d’Exoprimal vous risquez d’être particulièrement surpris, pour ne pas dire choqué.

Le titre vous propose en effet dès le départ de régler plusieurs options. Dont la « langue audio » et les « sous-titres ». Logiquement, vous allez décider de passer la première en français et de désactiver les seconds, afin de jouir d’une expérience cinématographique comme Capcom en a le secret.

Quelle erreur.

Car seul ce bon vieux Léviathan dispose d’un « doublage » localisé dans notre langue. Les autres protagonistes parlent anglais. Alors vous réactivez les sous-titres, totalement effaré par cette incohérence ubuesque qui casse le plaisir du jeu. Si encore les différents protagonistes s’exprimaient dans leur idiome natal, ç’aurait été justifiable, mais là…

Alors certes, on pourrait arguer que Capcom a avant tout cherché à pallier l’un des principaux défauts des jeux modernes ne disposant d’aucune localisation audio : le fait de ne pas avoir le temps de lire les sous-titres dans le feu de l’action. Mais même cette excuse ne fonctionne pas, puisqu’à plusieurs moments, des personnages apparaîtront lors de missions scénarisées.

Pour finir, sachez que Léviathan est « doublé » par une synthèse audio d’une platitude crasse. Censée coller avec son rôle d’I.A., cette dernière brise plutôt toute cohérence scénaristique, puisqu’elle est supposément l’une des plus avancées jamais conçues. Et nul doute qu’en 2040 les I.A. ne s’exprimeront plus comme le narrateur de Google.

Pour en terminer avec ces problèmes de doublages totalement ubuesques, sachez que chaque exosquelette dispose de sa propre voix et d’une manière de s’exprimer unique, « cohérente » avec la « personnalité » de ces derniers.

Capcom… Comment vous dire ça gentiment ? Ce ne sont pas des PERSONNAGES. Ce sont des ARMURES. Le héros, le joueur le crée au lancement de l’aventure. Il ne change pas magiquement de cordes vocales ni de personnalité à chaque fois qu’il revêt un exosquelette différent.

Certes, cette critique va vous sembler superflue. Sauf qu’elle prouve, à elle seule, qu’Exoprimal a essuyé de nombreux problèmes lors de son développement, de changements de direction, expliquant ces incohérences impossibles à justifier autrement.

Clairement inadaptés sur consoles, les menus et fenêtres contextuelles imposent le déplacement d’un curseur pour valider des choix et options… et à d’autres moments, vous permettent de simplement valider avec « X ».

Très mal pensé, le hub vous impose de naviguer entre divers écrans particulièrement vides auxquels manquent des informations pourtant primordiales : statistiques et attaques des exosquelettes, possibilité de naviguer entre vos différentes machines via RT et LT en dehors de l’écran principal de gestion, difficulté à comprendre comment débloquer les récompenses et, pire que tout, aucune indication du temps restant pour les saisons.

En jeu, ce n’est guère mieux. Les objectifs sont certes clairement indiqués, mais la position des ennemis est peu lisible. Il n’est pas rare, par exemple, de voir la jauge de vie d’un dinosaure s’afficher alors que celui-ci est derrière vous.

La croix directionnelle gauche permet d’afficher les objectifs afin de ne pas perdre de vue la mission en cours… soit, tuer des dinos. Oui, cette option ne sert strictement à rien, jamais, et se paye le luxe de « manger » une bonne partie de l’écran. Dans un jeu multijoueur sans pause.

De même, lors du matchmaking, vous ne disposez que d’une poignée de secondes pour découvrir les exosquelettes équipés par vos alliés et choisir (ou non) d’en changer. Rien ne permet de concevoir des équipes équilibrées, et vous allez régulièrement vous retrouver avec plusieurs modèles strictement identiques (généralement et comme toujours, sans aucun soigneur).

La défaite peut donc être actée dès le départ, d’autant que ce fameux matchmaking s’établit d’après des notions très obscures et, visiblement, sans prendre en considération le ratio défaite / victoire, le niveau de l’exosquelette ou celui du joueur…

Certes, vous avez la possibilité (à l’instar d’un Overwatch) de changer de personnage en pleine partie… Mais la manipulation est inutilement longue et complexe : vous devez appuyer sur « menu », sélectionner l’exosquelette et son arme d’appoint, puis appuyer sur « Y » pour valider. Votre pilote sort alors de sa machine, le laissant totalement vulnérable. Enfin, vous devez utiliser la combinaison « Y » et « B » pour invoquer votre nouvelle armure…

Ces (très) longues secondes cassent totalement le rythme d’un match, et il n’est pas rare de tout simplement mourir durant ce moment. Ou de tuer en un seul coup un ennemi un peu trop confiant.

Un gameplay plus-que-parfait

Entrons dans le vif du sujet. Pour vous défaire des hordes jurassiques, vous avez à votre disposition 10 exosquelettes différents, séparés en trois catégories : les Assauts (DPS), les Tanks (défenseurs), et les Soutiens (soins et buffs).

Là encore, corroborant ma théorie (j’y viens, ne vous en faites pas), ces derniers sont très clairement inspirés d’autres jeux de l’éditeur, parfois jusque dans leurs design, attaques et expressions.

Une fois la stupeur des premières parties passée, vous vous prenez au jeu et comprenez que chaque armure dispose de ses spécificités, de son propre gameplay.

Dans les premiers temps, vous vous demanderez sans doute par exemple quelle est l’utilité d’un Vigilent (le snipeur) dans un jeu de ce type, où les arènes peuvent être particulièrement petites et les hordes nombreuses, violentes, attaquant au corps-à-corps. Puis vous apprendrez à le jouer. Et le carnage commencera dans un déferlement de plaisir insoupçonné.

On va donc retrouver des modèles très différents les uns des autres, disposant d’un gameplay unique à chaque fois.

Une fois la stupeur des premières parties passée, vous vous prenez au jeu et comprenez que chaque armure dispose de ses spécificités, de son propre gameplay.

Dans les premiers temps, vous vous demanderez sans doute par exemple quelle est l’utilité d’un Vigilent (le snipeur) dans un jeu de ce type, où les arènes peuvent être particulièrement petites et les hordes nombreuses, violentes, attaquant au corps-à-corps. Puis vous apprendrez à le jouer. Et le carnage commencera dans un déferlement de plaisir insoupçonné.

On va donc retrouver des modèles très différents les uns des autres, disposant d’un gameplay unique à chaque fois.

Parmi les Assauts :

  • Deadeye est l’Exo le plus polyvalent. Il dispose d’un fusil d’assaut infligeant des dégâts modérés, d’une roulade d’esquive et d’une attaque au corps-à-corps.
  • Barrage est spécialisé en dégâts de zone avec des bombes, des grenades et son arbalète explosive.
  • Zephyr est le DPS corps-à-corps, agile et puissant mais plutôt vulnérable et contraint de se mettre en danger.
  • Vigilant est le snipeur. Particulièrement mortel une fois maîtrisé, c’est sans doute l’un des Exo qui demande le plus de doigté et d’apprentissage.

 Pour les Tanks :

  • Roadblock en est le représentant le plus littéral. Lourd, lent et particulièrement résistant, il peut générer un bouclier et attirer l’attention des ennemis.
  • Krieger est une machine de guerre disposant d’un minigun, de missiles à tête chercheuse et pouvant déployer un dôme de protection.
  • Murasame est un tank unique, puisqu’il se sert de sa garde pour lancer de furieuses contre-attaques particulièrement mortelles.

 Enfin pour les Soutiens :

  • Witchdoctor est le healer le plus générique : doté d’excellents sorts de soins, il fait généralement la différence dans une partie entre victoire et défaite.
  • Skywave peut voler et paralyser les ennemis.
  • Nimbus est rapide et utilise deux types de pistolets différents pour soigner individuellement ou attaquer.

À la lecture de ces brèves explications, vous comprenez sans doute d’où viennent les critiques les plus veules à l’encontre d’Exoprimal : chaque Exo est différent et se joue d’une manière réellement unique. Ils demandent tous de passer par la zone d’entraînement, de comprendre leur logique et leur fonctionnement, pour être pleinement maîtrisés.

En l’état, le jeu ne souffre d’aucun problème d’équilibrage. Et cela, vous le constaterez par vous-même au gré de vos parties. Plus vous monterez dans le classement, plus vous croiserez la route de joueurs commençant à maîtriser leur machine, vous prouvant que dans Exoprimal, tout est question de skill.

Exoprimal n’est pas le jeu qu’on aurait dû avoir

Place à ma théorie !

En prenant en considération le jeu en son état actuel, il est clair que de nombreux changements ont été effectués tout au long de son développement. Le titre a dû changer maintes et maintes fois de direction, pour arriver dans un état où ne subsistent plus que les reliquats de ce qu’il était à la base.

Au vu de son scénario, très clairement inspiré par Dino Crisis, les univers parallèles, le personnage de Majesty qui n’est qu’un copié-collé de Regina, les designs de certaines armures, les effets des lasers, etc… Il est clair qu’à la base, Exoprimal était un jeu service cross-licence.

Capcom devait avoir en tête de nous offrir une version « moderne » et « en tant que service » d’un Project X Zone ; soit un titre mélangeant allègrement la plupart de leurs séries cultes au sein d’un même jeu.

Je n’ai que peu de doutes que Zephyr devait être Vergil, Murasame Samanosuke, etc.

Et si l’on peut comprendre aisément le choix d’abandonner cette idée initiale ; nul doute que bien des amateurs de l’entreprise nipponne y verront, comme moi, des reliquats assez doucereux.

On apprendra sans doute rapidement la vérité sur Exoprimal et ses problèmes de développement, comme c’est bien trop souvent le cas aujourd’hui. Cependant, je persiste et signe : Si vous aimez les licences de Capcom, alors vous passerez un bon moment sur le jeu.

Et une fois les mises à jour sorties, nul doute qu’il reviendra sur le devant de la scène. Surtout avec les « crossovers » promis par l’éditeur et qui, je n’en doute pas une seconde, me donneront raison sur les inspirations premières du titre.

J’aime

L

Gameplay excessivement nerveux

L

10 Exosquelettes à la maniabilité très différente

L

De solides bases pour la suite

L

Très addictif

L

Demande un apprentissage constant

L

Particulièrement bon avec des amis

J’aime moins

K

Scénario nanardesque

K

Un seul mode de jeu au lancement

K

De nombreuses malfaçons