Nobunaga’s Ambition. Cette licence ne vous dit sans doute rien, puisque les opus sortis chez nous se comptent sur les doigts d’une main, généralement dans des éditions ultra-limitées.
Pourtant, Nobunaga’s Ambition est à l’origine de tout un pan du médium. La légende commence en 1983, sur PC-88, Amiga et DOS ; avant d’arriver sur consoles de salon.
Nobunaga’s Ambition… Pratiquement 10 ans avant Civilization, 4 ans avant le tout premier Final Fantasy ; Koei posait les bases de ce qui serait connu 17 ans plus tard avec la sortie de Europa Universalis sous le nom de Grande Stratégie.
Eh oui, Koei a utilisé ces bases pour ses autres séries dérivées, telles que Dynasty Warriors.
Aujourd’hui, pour la première fois sur Switch en Occident, la plus légendaire des licences de Grande Stratégie pose ses valises. Chronique d’un jeu incroyable, mais clairement pas à destination de tout le monde…
|
Editeur(s)
|
Koei Tecmo |
|
Sortie France
|
20 Juil. 2023
|
|
PEGI
|
+12 ans
|
| Liens | Site Officiel |
| Support de test | Nintendo Switch |
La guerre ne meurt jamais… mais elle attendra
Contrairement aux jeux de stratégie classiques, Nobunaga’s Ambition est, comme je vous le disais en introduction, le papa d’un genre dérivé connu sous le nom de « Grande Stratégie ».
Si vous n’êtes pas familier du terme, il s’agit tout simplement d’un genre où l’aspect stratégique est aussi important durant les périodes de paix que de guerre. Ne vous attendez donc pas à enchaîner des batailles épiques aux commandes de milliers de soldats, au risque de voir votre partie s’achever avec votre tête au bout d’une pique. Mais revenons à la base.
Nobunaga’s Ambition Awakening vous met dans la peau d’un daimyo durant l’époque Sengoku de l’histoire japonaise. Libre à vous de choisir qui incarner, mais je ne saurais que trop vous conseiller de débuter avec… Nobunaga Oda.
Non content de disposer d’un scénario officiant en qualité de cours d’histoire, ce dernier est également considéré comme le « tutoriel ». Le jeu va donc vous guider tout au long de votre périple jusqu’à la domination totale du territoire en simplifiant votre partie, avec de nombreux avantages et des explications diégétiques.
C’est sans doute l’un des deux SEULS points négatifs de ce Nobunaga’s Ambition Awakening : son absence totale de tutoriel. Le jeu semble destiné à un public déjà habitué à la licence et demeure totalement hermétique aux nouveaux joueurs, sauf ceux ayant une énorme patience ainsi qu’une volonté à toute épreuve.
Car oui, autant être clairs : Nobunaga’s Ambition Awakening est incroyablement riche en mécaniques, fort de l’héritage des nombreux opus sortis ces quarante dernières années. Apprendre les bases est déjà compliqué en soi, les maîtriser exige une abnégation à toute épreuve.
Durant votre première heure de jeu via ce scénario d’introduction, vos conseillers vont vous noyer d’informations afin de vous apprendre l’essentiel des mécaniques du titre : comment gagner de l’or, cultiver la terre, conclure des traités de paix, mettre en place votre politique et vos décrets, construire des bâtiments, honorer vos vassaux grâce à diverses promotions, rassembler vos soldats, mener des batailles…
Si les néophytes se perdront immédiatement sous ce flot ininterrompu d’informations noyées dans un contexte historique très dense ; les amateurs de Grande Stratégie seront ravis de constater que même dans le scénario d’introduction, le titre ne cherche pas à vous limiter.
Libre à vous, en effet, d’ignorer totalement les directives et conseils qui vous sont prodigués, au risque de prendre un bien mauvais départ…
Avec ses très nombreuses options disponibles, la rejouabilité de ce Nobunaga’s Ambition Awakening est tout simplement infinie. Jamais une partie ne ressemble à une autre, et le sentiment d’être un vrai chef de guerre de cette époque est extrêmement plaisant.
Chaque action prend du temps, vos décisions ne sont jamais instantanées. Déplacer une unité, construire un monument ou même simplement envoyer un émissaire négocier ; tout se déroule en temps réel. Ne pas anticiper votre prochaine action, ni les éléments potentiellement inattendus peuvent faire la différence entre victoire et défaite.
Rapidement, vous comprendrez comment le jeu fonctionne et vous développerez cette vision à long terme. Loin de la simplicité d’un Civilization, Nobunaga’s Ambition Awakening vous laisse la liberté de devenir un véritable chef de guerre, sans la moindre limite. Mais attention, chacune de vos décisions aura irrémédiablement des conséquences.
La moindre collecte d’impôts peut se terminer en pillage, votre agent se retrouver bloqué par une tempête de neige en hiver. Mieux encore, il faudra prendre en considération le temps et le danger avant de glaner la moindre pièce.
De très nombreux événements viendront également ponctuer chacune de vos parties, les rendant systématiquement uniques et passionnantes. C’est bien simple : Nobunaga’s Ambition Awakening est tout simplement ce qui se fait de mieux et de plus complet en termes de Grande Stratégie.
Quid des combats ? Eh bien, comme dans les précédents opus, vous ne contrôlez pas directement vos armées et ne disposez pas de « vue stratégique ». Vous voyez vos petits soldats affronter directement et en temps réel les unités adverses, avant de recevoir un message vous indiquant l’issue du combat. Et partir à l’assaut sans être préparé conduit irrémédiablement, au mieux, à la fuite de vos troupes…
Une lettre d’amour à l’histoire et à la licence
Nobunaga’s Ambition Awakening est le jeu célébrant les 40 ans d’une licence légendaire. À ce titre, Tecmo Koei a mis les petits plats dans les grands pour vous proposer un titre exceptionnel.
Non content d’inclure 2 200 officiers différents, cet opus vous propose également de créer le vôtre. Libre à vous de suivre les événements historiques, ou de forger votre propre destin.
L’accent mis sur la fidélité historique est également à mettre au crédit du jeu, puisque ce dernier va régulièrement vous proposer, sous forme de cinématiques optionnelles, de dialogues facultatifs ou de rapports écrits ; de découvrir des événements importants, ainsi que des anecdotes parfois inutiles mais toujours réelles.
Les amateurs d’histoire nipponne en auront donc pour leur argent, et même les plus déterminés des passionnés apprendront certainement des choses qu’ils ignoraient jusqu’alors.
Une version Switch parfaitement optimisée ?
Tenir l’opus le plus complet de Nobunaga’s Ambition dans le creux de ses mains est une expérience incroyable. Bien mieux optimisé que Civilization 6 et ses temps de chargement interminables, le titre tourne à la perfection sans jamais souffrir de lags, chutes de FPS ni de bugs majeurs.
Durant mes (nombreuses) parties, je n’ai expérimenté aucun crash. Un exploit incroyable pour ce genre de productions.
Bien entendu, console portable oblige, la maniabilité est perfectible. Les Joy-Cons ne sont toujours pas adaptés aux jeux de stratégie et nécessitent un temps d’adaptation plus ou moins long. Pourtant, une fois totalement pris en main, le titre s’avère irréprochable.
Mais alors, Nobunaga’s Ambition Awakening est-il le meilleur jeu de Grande Stratégie, sans le moindre défaut ?

Eh bien… pas vraiment. Outre un didacticiel pratiquement inexistant, le principal point noir et totalement rédhibitoire du jeu, malheureusement le plus pressenti : l’absence de traduction. Pas de sous-titres français, ce qui est incroyablement préjudiciable. Même en ayant un excellent niveau, attendez-vous à devoir fournir d’énormes efforts pour tenir plus d’une heure.
Enfin, pour une raison totalement étrange, la version Switch ne dispose pas du doublage japonais (pourtant présent sur la version PC).