Warlander est un savoureux mélange de MOBA et de hack & slash à la sauce médiévale. Développé par le studio nippon Toylogic (à qui l’on doit les excellents Kid Icarus: Uprising, NieR Replicant ou encore The Evil Within) et édité par Plaion ; le titre est sorti le 24 janvier sur PC avant d’atterrir sur console le 16 mai.
C’est donc un test tout frais que je vous propose aujourd’hui d’un excellent titre qui, tel un diamant brut, ne demande qu’à être taillé pour briller de mille feux.
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Editeur(s)
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Plaion |
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Sortie France
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15 mai 2023
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PEGI
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+16 ans
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| Liens | Site Officiel |
| Support de test | Xbox Series |
Fast & Fun
Warlander propose un concept excessivement simple : des combats constitués de 100 joueurs, divisés en deux camps qui se font face. Le champ de bataille se découpe très logiquement : d’un côté la forteresse des Licornes Bleues, de l’autre celle des Lions Rouges. Et entre les deux, un no man’s land dans lequel les armées ferraillent sauvagement.
Durant les vingt minutes qui chronomètrent chaque affrontement, le but est simple : chaque équipe doit percer les défenses du château adverse et détruire son cœur. Peu ou prou à l’image de League of Legends.
Et les similitudes avec le titre de Riot Games ne s’arrêtent pas là, puisque vous allez retrouver fort logiquement des chemins différents exigeant des stratégies savamment étudiées et des systèmes de défense. Mais ce côté MOBA générique est bien la seule chose qui peut lier les deux productions. Warlander a son identité propre et développe des concepts très, très addictifs.
Simple à comprendre pour tout joueur voulant l’essayer, il promet des heures de fun sans réelle prise de tête. Oui, vous pouvez très bien installer le titre, terminer le (bref mais efficace) tutoriel, puis vous jeter dans la mêlée et passer un bon moment.
À son lancement, Warlander ne propose que deux modes : les batailles classiques (développées ci-dessus) et celles à 5 armées. Si ces dernières semblent épiques et jouissives, il m’a malheureusement été impossible d’en lancer une seule (la faute au peu de joueurs voulant s’essayer à l’exercice). Je ne pourrai donc pas me prononcer sur celles-ci.
Mais le titre Toylogic dispose d’une rare complexité qui en fait un candidat idéal pour l’eSport. Explications :
Magnus Carlsen présente
Lorsque vous lancez votre première partie, vous pouvez être décontenancé par la faiblesse du contenu proposé par le titre Free To Play. Trois classes basiques possibles (guerrier, mage, prêtresse), deux modes de jeu et deux cartes différentes.
Oui, sur le papier, c’est bien peu ; et la crainte d’être face à une énième production générique, sans profondeur ni contenu, bien présente. Mais si vous poussez ne serait-ce qu’un peu plus loin votre expérience, Warlander vous promet une complexité assez rare dans le genre.
Car en effet, nonobstant cet évident manque de contenu, il apparaît rapidement que le peu d’options présentes a été travaillé avec le plus grand soin pour offrir une expérience à la fois intuitive et complexe aux joueurs.
Ainsi, vos différents protagonistes peuvent apprendre des compétences, débloquer des équipements dotés de talents uniques afin de vous permettre de mettre au point des stratégies et des archétypes originaux.
Le titre base son gameplay sur un principe de Bravoure (qui fait ici office d’expérience). Ainsi, tout le monde débute à la même enseigne, contraint d’utiliser un personnage dit « sans titre » (entendez par-là, sans promotion, de niveau 1). Une fois sur le terrain, ce sont vos actions qui vous permettent d’engranger ces fameux points de Bravoure, jusqu’à pouvoir invoquer des héros plus puissants.
Et c’est là la principale force du titre : plus vous êtes bon ou disposez d’une équipe soudée et coordonnée, plus vite vous allez prendre l’avantage sur l’armée adverse. Intégrer une phalange soudée peut vous octroyer la victoire en quelques minutes, là où être membre d’une équipe incapable de comprendre un ordre simple vous mène irrémédiablement vers une défaite cuisante et honteuse.
Car oui, Warlander dispose également d’un côté stratégique assez prégnant, malgré son aspect massivement multijoueur. Pour le développer, vous pouvez briguer le titre de « commandant » avant chaque bataille. Si ce titre vous est décerné, de nouvelles options s’ouvrent lors des batailles, vous permettant de guider vos rangs et de leur proposer des stratégies toujours plus inventives, de les rappeler en cas de danger, ou simplement… de ne rien faire, simplement profiter du prestige octroyé par votre rang, comme c’est malheureusement généralement le cas.
Par chance, Warlander dispose également d’un système de rangs. Ainsi, plus vous jouez, plus vous avez de chances de tomber dans une équipe digne. Les affrontements n’en seront que plus épiques et palpitants.
Au début de chaque partie, vous êtes établi dans un groupe (à moins de jouer avec vos amis). Vous devez alors voter pour une stratégie globale (attaque, équilibre ou défense), puis pour le rôle que vous souhaitez occuper.
Les joueurs de l’équipe sont divisés en trois groupes. Vous pouvez soit défendre le fort, soit choisir l’attaque directe (et donc cibler le cœur du château adverse), ou enfin le soutien ; avec pour objectif de monter des catapultes et de prendre le contrôle des tours disposées sur le champ de bataille (et qui servent de point de respawn).
Chacun est plaisant et dispose de ses avantages, conférant une manière de jouer totalement différente également mais, surtout, indispensable à la victoire. Car il n’y a rien de pire, croyez-en mon expérience, que de devoir assumer deux positions différentes parce que tout le monde a choisi de n’en faire qu’à sa tête.
Enfin, par moments, des idoles apparaîtront. Ces dernières permettent à l’équipe qui la récupère de déclencher un cataclysme aux effets divers (invoquer un robot géant, déclencher une tempête, faire tomber une météorite, etc.) octroyant un avantage significatif pour retourner une situation pourtant désespérée.
Un diamant peut-être trop brut
Vous l’aurez compris, jusque-là je n’ai peu ou prou rien à redire du titre de Toylogic. Le jeu est en lui-même excellent, les mécaniques de gameplay vraiment plaisantes, les batailles addictives et d’une durée raisonnable.
Mais un test ne serait pas objectif s’il ne relevait pas les quelques défauts bien présents. Il faut donc que je vous parle de ces derniers.
Et le principal… concerne les joueurs eux-mêmes. Trop peu nombreux pour l’instant, il est rare de dépasser le seuil des 80 participants dans une seule et même bataille (et ne parlons même pas des fameux affrontements à 5 armées). Une fois dans la mêlée, ils n’en font qu’à leur tête, ne respectent pas leur rôle et ne tiennent que rarement leur poste. Je ne saurais que trop vous conseiller par conséquent de vous trouver des amis de confiance pour réellement profiter du titre.
Le système de rangs est le suivant : ce dernier, à l’image de tout ce qui va suivre, fait partie du défaut majeur du jeu… Tout est trop lent.
Ainsi, pour ne serait-ce que dépasser le premier, vous devez participer à pas moins de 100 batailles. C’est beaucoup, surtout lorsque vous patientez dans le lobby durant une à deux minutes, le temps de réunir suffisamment de participants. Comptez donc pas moins d’une quarantaine d’heures pour ne serait-ce qu’atteindre le grade supérieur. Et bien plus encore si vous briguez le titre suprême.
D’autant que cette difficulté de progression a, bien entendu, un corollaire somme toute assez logique : une fois ce stade atteint, il n’est pas rare que le jeu vienne allègrement piocher parmi les joueurs de rang inférieur afin de compléter les effectifs.
Et c’est ainsi que vous pouvez vous retrouver littéralement côte à côte avec un joueur ayant écumé le titre durant près de 500 heures et, d’un autre côté, avec quelqu’un venant tout juste de l’installer.
Combien de parties ai-je perdues en voyant mes coéquipiers faire n’importe quoi alors qu’en face nous avions une armée unie, soudée et dirigée de main de maître ?
Oui, c’est la version vidéoludique d’un épisode de Kaamelott. Par chance, la défaite n’engendre aucune pénalité et seule votre performance est prise en compte. Vous gagnez ainsi des points de bravoure.
Et c’est une transition idéale pour le point négatif suivant : la montée en puissance de vos personnages est également bien trop lente. Le nombre de points d’expérience pour espérer obtenir un officier de niveau 2 ou 3 est incompréhensible. D’autant que vous devez réitérer cela avec tous les personnages que vous souhaitez voir progresser (et qui sont, autant le dire, tous indispensables à maîtriser pour faire face à l’ensemble des situations).
Bien entendu, à la fin de chaque mission, en plus de vos points de bravoure, vous gagnez également de l’équipement, des compétences et de l’argent.
Mais là encore, le système n’a pas l’air totalement au point. Pour y avoir passé de (très) nombreuses heures, j’ai remarqué que l’équipement de prêtresse était celui qui tombait le plus. La raison se devine simplement : rares sont ceux qui endossent ce rôle pourtant majeur, indispensable, capable de faire basculer n’importe quelle bataille.
Un choix visiblement volontaire de la part des développeurs… mais qui a forcément pour conséquence de largement avantager ceux qui sont parvenus à obtenir des armes de guerrier ou de mage de rang supérieur.
Il reste donc du travail concernant l’équilibrage global, afin de pouvoir offrir une expérience tout en finesse.
Est-ce un Pay-to-Win ?
Comment faire abstraction de cette question ? Car qui dit Free-to-Play, dit bien entendu boutique. Il faut que les développeurs puissent engranger suffisamment pour maintenir le jeu en vie et, de fait, venir directement chercher l’argent dans les poches du joueur.
Franchir la limite du Styx est parfois tentant. Mais est-ce le cas ici ? Eh bien… non. Pas vraiment.
Certes, les joueurs dépensant de l’argent réel peuvent à tout moment acquérir de l’équipement supérieur. Certes, ce dernier donne un avantage lors des affrontements. Mais je n’ai, pour l’heure, vu aucun d’entre eux réussir à retourner une situation, ni magnifier leur porteur sans une once de maîtrise et de talent.
C’est bien simple : vous pouvez claquer votre PEL et tout de même vous faire rosser par un adversaire connaissant mieux son personnage ou mettant en place une meilleure stratégie que vous.
De plus, je rappelle à toutes fins utiles que tout le monde débute avec un personnage de niveau 1. Donc avant de pouvoir sortir votre gros bill payé avec vos économies, il faudra performer comme jamais.
Car il y a une autre limite dont je n’ai pas encore parlé : celle du grade justement. Chaque personnage dispose d’une « charge » maximale lui permettant de s’équiper d’armes et de compétences. Mais cette dernière est très basse pour les protagonistes sans titre, et évolue progressivement. Rappelez-vous également qu’avant de pouvoir créer un héros de niveau « grand maître », le nombre d’heures de jeu réel est tout simplement conséquent. Donc même en hypothéquant votre appartement, il ne sera pas possible de vous mesurer aux meilleurs.
Pour l’heure, la boutique sert surtout aux cosmétiques, et à ceux qui souhaitent débloquer le niveau supérieur d’une compétence très précise.
Pourtant, un gros point noir vient ronger cette dernière : les prix. Tout est beaucoup trop cher, au point qu’on hésite souvent à franchir le cap de dégainer la CB en voyant qu’il faudra, pour un simple pack de skins, dépenser 20€. Peut-être aurait-il été plus judicieux de proposer des cosmétiques plus abordables afin de toucher bien plus de monde.
Mais y a-t-il un Battle Pass ?
Oui, Warlander inclut ce fameux Battle Pass si cher aux jeux Free-to-Play. Et oui, il en existe plusieurs variantes. Le premier, gratuit pour tous, va jusqu’au niveau 100 et débloque bon nombre de contenus.
La version payante coûte environ 10€ et permet d’obtenir plus de récompenses. Enfin, il en existe également un troisième, le « premium », qui offre encore plus que le précédent (comptez aux alentours de 20€ pour celui-ci).
Les seules réelles différences entre ces trois versions sont, là encore, assez peu significatives et n’octroieront pas de réels avantages aux joueurs étant passés à la caisse. Généralement, il s’agira de cosmétiques ou encore de pierres permettant de changer les talents inhérents de vos équipements par d’autres, choisis aléatoirement.
L’unique réel avantage vient des « boosts de drop ». En version gratuite, vous aurez 1% de chance supplémentaire d’avoir des objets à l’issue de vos batailles. La version payante vous en donne 2, et le premium 3.
Mais de nouveau, même en gagnant une arme mythique surpuissante, votre héros basique ne pourra tout simplement pas s’en équiper. Jouer reste donc la meilleure manière de gagner de l’équipement, mais aussi et surtout la maîtrise des différentes mécaniques.