The Song about Green est un manga en deux volumes de Yan Gao paru le 19 Mars 2025 aux Éditions Casterman dans la collection Sakka. Le tome 1 se compose de 280 pages et le 2 de 304 pages.
Lu aime écrire. Elle ébauche plusieurs projets de romans durant ses vacances d’été. Un beau jour, elle oublie son devoir chez elle ; trop absorbée dans sa lecture jusque tard dans la nuit, elle a confondu son livre avec son devoir. Lu fait demi-tour pour aller le chercher en pleine canicule, car elle n’a pas le courage de s’excuser auprès de sa professeure.
Seulement, ses jambes lâchent près du rivage. Elle s’assoit, met ses écouteurs ; une musique qu’elle n’a encore jamais entendue se lance dans la playlist sur son portable : « Kaze wo Atsumete » du groupe Happy End. Alors que les accords la transportent, près du ressac marin, Lu remarque un garçon qui semble terrassé par le chagrin. Elle l’observe sans rien dire, incapable de lui parler.
Le lendemain, un barrage est formé, le garçon s’est suicidé. Lu commence à cauchemarder et ne parvient plus à écrire une seule ligne. La culpabilité la ronge. Si elle avait pu lui adresser la parole, alors peut-être qu’il serait encore en vie et ne la hanterait pas de cette façon…
Lu enchaîne les cauchemars : elle voit la silhouette du garçon sur le rivage, ses mains contre son visage humide de larmes, son dos voûté sous le poids de l’accablement. Elle ne peut révéler à son amie qu’elle était présente le jour de son suicide.
Lu envoie un de ses anciens textes dans le cadre d’un concours littéraire, qui se voit rejeté. La nouvelle la secoue, elle quitte le concert avant qu’il soit terminé et ses pas la conduisent dans une rue inconnue.
La jeune femme s’assoit sur une marche, sanglote en gémissant qu’elle a envie d’une tarte au citron bien acide. Un jeune homme descend, lui précise qu’ils en servent justement. Il travaille ici, à Kefka by the Sea, en hommage à Murakami, car sa patronne est fan de cet auteur, alors ils proposent beaucoup de ses ouvrages. Le jeune homme s’appelle Nanjun, comme dans le film Yiyi que Lu apprécie tout particulièrement. Nanjun surnomme Lu Lin Midori, comme dans la Ballade de l’Impossible d’Haruki Murakami.
Autour d’une tarte, Nanjun lui confie qu’il se produit parfois en concert ici et l’invite au prochain. Lu s’y rend, ils discutent ensemble musique, et grâce à lui, ses cauchemars s’apaisent enfin : le garçon terrassé de tristesse prend son visage, elle parvient à lui parler. Ce soulagement lui permet enfin d’écrire à nouveau.
Nanjun crée du post-rock en travaillant les bruits blancs, il a intitulé son album White Noise. Il suggère à Lu de voyager au Japon afin de dénicher la chanson « Kaze wo Atsumete » chez un disquaire.
Lu quitte Taïwan et s’envole au Japon. Elle découvre l’album « Hosono House » d’Haruomi Hosono, diffusé pile pendant qu’elle musarde chez le disquaire. Elle en discute avec Nanjun et, même si elle est seule à Tokyo physiquement, ils restent proches en dépit de la distance.
Le tome 2 commence avec le concert de Hosono qui se produit pour la première fois à Taïwan. Lu vit un moment magique aux côtés de Nanjun, elle aborde timidement ses sentiments, de manière abstraite ; cependant, le jeune homme reste silencieux sur tout le chemin du retour et peu à peu, Lu réalise qu’il n’est pas amoureux d’elle…
Luna, l’amie de Lu qui joue de la guitare, l’épaule et l’invite à écrire une chanson, car la musique peut exprimer beaucoup de choses. Alors Lu essaie de consigner « La Chanson de Midori » pour communiquer à Nanjun ce qu’elle n’arrive pas à formuler. Nanjun a ses propres tracas et le fossé se creuse inexorablement entre eux… Lu va devoir apprendre à chérir cet amour à sens unique, sans rien exiger en retour. Et c’est grâce à Hosono qu’elle pourra s’épanouir malgré tout.
Graphiquement, les effets d’ombre et les hachures apportent du dynamisme à l’ensemble dans un style réaliste. L’auteure déploie les cases pour renforcer la contemplation : elles sont larges, permettent aux émotions de s’épanouir. Beaucoup d’entre elles ne contiennent aucun dialogue, invitant à écouter la musique intérieure de Lu. Celle qu’elle écoute, mais aussi celle de ses sentiments. Les fameux bruits blancs sont mieux expliqués dans le tome 2 et Lu compare Nanjun à son bruit blanc, capable de l’apaiser. Son amour est délicat, doux-amer, car il n’est pas réciproque.
La musique occupe une place centrale dans ce manga. Une forme de catharsis qui relie les individus entre eux. Une liste des œuvres citées est disponible à la fin.
The Song about Green se composait de 32 pages en 2018. Gao Yan l’a retravaillée ; son œuvre finale dépasse les 500 pages et sa réédition est parue simultanément le 25 Mai 2022 au Japon ainsi qu’à Taïwan.